La première veste du Français moyen inconnu
Monsieur 0,12%
Au pays du « neuneu » vendéen, vicomte au demeurant, un zozo roturier s’est fait un nom. Jean-Pierre Giorgi, quatrième larron de la course à la succession de Giscard est l’homme aux deux voies.
De la base vendéenne à la tête de l’UDF, personne n’avait jamais entendu parler de Jean-Pierre Giorgi avant qu’il ne devienne candidat à la présidence de l’UDF honorablement crédité de 0,12 %, soit deux voix. Ce retraité de 68 ans n’est inscrit à un parti, le CDS, que depuis 1994. Avant, tout allait bien, il « suivait avec sympathie l’action des politiques » et ça lui suffisait. Ancien cadre chez Michelin à Clermont-Ferrant, puis prof de collège en Vendée, aujourd’hui retraité aux Sables d’Olonne, Jean-Pierre Giorgi ne se monte pas le bourrichon : « En adhérant au CDS, j’ai pris la résolution de limiter à 35 annuités le total de mes mandats publics ou dans le parti. N’ayant pas d’avenir préparé, avec une action plus limitée dans le temps, ce serait une bonne solution pour le parti », déclare ce résolutionnaire sûr de lui.
Jamais candidat à la moindre élection, ce candide n’avait jamais pris de veste. Voilà qui est réparé. Il se présentait comme « Français moyen qui ne se distinguait pas », avec l’avantage d’être « le plus disponible des quatre candidats », et de ne pas incarner « une tendance, ou une faction triomphant des autres ». Localement, l’UDF l’a taxé de « zozo fantaisiste » tout en se lamentant : cette candidature en franc-tireur décrédibilise un peu plus l’UDF de Vendée, pas très en cour à Paris depuis l’OPA manquée de de Villiers en octobre 93*. Le score du zozo ne l’affecte pas. Il ne garde que de bons souvenirs : « La distribution de l’insigne » au congrès de l’UDF, et sa prise de parole en premier « en pleine lumière », devant un parterre de 1 700 personnes. « Après ça, les gens qui ont vu ma tête en grand écran se poussaient du coude en disant : « C’est lui ! ». À midi, j’ai trouvé une place libre à table, au milieu d’élus qui ont l’habitude d’être reconnus sans arrêt. » Le plus dur reste à faire pour Jean-Pierre : gérer son image nationale au sein de l’université Inter-âges des Sables.
* Le Vicomte avait fait adhérer massivement des salariés du Conseil général, « y compris des huissiers, des chauffeurs et leurs épouses » précise un proche de Philippe Mestre. Mais ne disposant pas du fichier des adhérents du Mouvement pour la France, l’UDF orthodoxe, véritable noyau dur de résistants au noyautage par invasion, a bien du mal à déjouer les agents doubles.