Monsieur 10 millions de dollars
Allô ?
Connaissez-vous la dernière qui circule dans les rédactions à propos d’Étienne Garnier ? Histoire de se faire mousser à l’occasion de la commande de deux paquebots, le député RPR de Saint-Nazaire aurait fait perdre 50 millions de francs aux Chantiers de l’Atlantique.
D’ordinaire peu loquace, le PDG des Chantiers de l’Atlantique, Jean-Noël d’Acremont, s’est laissé aller à quelques confidences lors de la croisière inaugurale du « Splendour of the seas », le dernier né des paquebots construits à Saint-Nazaire. Titillé par quelques journalistes, il a révélé « off the record » l’invraisemblable boulette d’Etienne Garnier au cours de la dernière négociation financière avec l’armateur norvégien RCCL (Royal Carabean Cruise Line). L’armateur avait signé une précommande pour deux paquebots en francs français, pour un total de près de 4 milliards, mais souhaitait renégocier les prix en raison de la chute du dollar. Les Chantiers, rompus à ce genre de négociation, se faisaient tirer l’oreille. Rien que de plus normal pour un marché de ce tonneau, où chaque centime de différence entre les monnaies se traduit en millions sur l’addition finale. C’est alors qu’Etienne Garnier, pris d’un soudain désir de sauver la Navale malgré elle, aurait décroché son téléphone et appelé le président norvégien de RCCL pour lui dire qu’en qualité de député et conseiller de Jacques Chirac, il lui garantissait le prix initial… en dollars. Soit une différence de 50 millions de francs avec le prix convenu. L’armateur, fort de cette garantie officielle, n’a plus voulu transiger et les Chantiers ont été contraints de se manger la différence. L’histoire ne dit pas si le gouvernement, qui subventionne copieusement chaque commande passée aux chantiers nazairiens, a mis la main au portefeuille pour honorer les engagements de son représentant local, mais vu la tête du PDG des Chantiers, on peut subodorer que cette négociation à la hussarde a coûté de l’argent à tout le monde. Sauf à Etienne Garnier naturellement. Modeste et discret, il se contente d’assumer son rôle de sauveur de l’industrie navale.