La police lutte contre la pauvreté
Nantes by-night
Les SDF serviraient-ils de punching-ball d’entraînement aux flics nantais ?
À 35 ans, Pat* est SDF depuis 1978. La galère, il connaît. À commencer par la règle numéro 1 : ne conserver sur soi que des photocopies de ses papiers, truc bien connu des mecs à la rue pour éviter de les paumer ou de se les faire tirer.
Réveillé en sursaut à 4h30 du matin dans sa bagnole — un rien déglinguée mais régulièrement stationnée — par une patrouille en vadrouille, Pat présente ses photocopies. La plupart des papiers sont périmés mais en cours de régularisation, attestation de gendarmerie à l’appui.
Ni une ni deux, les flics déchirent ses papiers, sauf ceux de la gendarmerie, et les lui balancent à la tronche. Puis le couvrent d’insultes. L’offensé proteste, se fait sortir de sa caisse et mettre un pain sur le pif. Les poulets poussent même la rigolade jusqu’à lui dégonfler un pneu et se tirent, sans dresser le moindre PV…
Pat, qui en a vu d’autres, file à Waldeck pour porter plainte, d’où il se fait aussitôt jeter, le tarin encore sanguinolent. Toujours à pinces, il déboule aux urgences du CHU qui lui délivrent un « certificat médical initial ». En sortant, il retrouve (comme par hasard ?) la patrouille frappeuse qui menace : « Tu l’as dans le cul, on est des flics, tu pourras rien contre nous !»
Finalement c’est la gendarmerie qui enregistre sa plainte, transmise illico au Parquet qui commencerait à être très irrité des « violences policières gratuites à Nantes ». L’enquête suit son cours, Pat le sien : il veut « revenir dans la société ». Espérons qu’il trouve d’autres comités d’accueil que les gros bras de la police…
* Nous avons modifié son prénom (NDLR)