Les évêques se font des magouilles en or

Publié par lalettrealulu le

Jean-Paul II, la tournée

Tout en pleurant misère auprès des collectivités locales pour financer la visite du pape, les évêques de l’Ouest orchestrent une gigantesque opération de marketing pour dégager plusieurs millions de francs de bénéfices.

Pauvre Église. Si l’on en croit le budget prévisionnel de la visite papale présenté à la Région Pays de la Loire le 13 mai 1996, les évêchés de l’Ouest auraient quelques difficultés à équilibrer leurs comptes. Il manquerait 1,432 million de francs, sur une enveloppe globale estimée à 7,507 millions, pour payer la bénédiction de Sainte-Anne d’Auray et le petit bonjour que Jean-Paul compte donner aux Vendéens à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Il est vrai que le comité d’organisation a tout prévu, de l’élévateur qui montera le Saint-Père à la tribune (85 000 F) à la location d’un véhicule coffre- fort pour transporter la quête (10 000 F) en passant par la location de 1 500 parapluies (45 000 F). Autant de services qui se paient au prix fort dans ce bas monde. Olivier Guichard, touché, a donc décidé de puiser dans la cassette personnelle que lui accorde la Région (le fonds régional d’intervention, d’études et de promotion), et sur laquelle il n’a de comptes à rendre à personne, pour octroyer 100 000 F aux évêques dans le besoin. Les mécréants contribuables y seront donc de leur poche, mais ce n’est pas tout.

Budget falsifié, profits canons. Au chapitre relations publiques du budget prévisionnel, dans la colonne « plan de communication », les dépenses sont chiffrées à 20 000 F, et aucune somme n’apparaît dans la colonne des recettes. Or, quelques mois avant la présentation de la demande de subvention, en janvier 96, plusieurs agences de publicité ont été consultées pour monter une opération de communication à l’occasion de la venue du Saint-Père. Ce document, très pro, précise d’entrée : « Les objectifs seront atteints s’il y a 200 000 personnes à Sainte Anne-d’Auray et si le bilan financier dégage un excédent d’1,5 million de francs net. » Les sept agences consultées ont d’ailleurs si bien compris le message qu’elles ont proposé des plans de communication rivalisant d’ingéniosité pour faire cracher au bénitier les paroissiens de l’Ouest, réputés pour leur générosité envers l’Eglise. « Le pape est un produit extraordinaire » a confié l’un des candidats à Lulu, « il est possible de ramasser près de 10 millions avec une locomotive pareille. » Les évêques ont, sans aucun complexe, volontairement masqué cette opération aux collectivités locales, pour présenter un budget déficitaire alors que d’entrée, il était positivement équilibré.

Sous les pavés la marge. L’agence de pub retenue est une agence de Grenoble, BD consultant, qui a créé le logo : un poisson dans une rondelle barrée d’une croix tordue. Mais l’idée de génie a été de mettre sur pieds l’opération « Grand dallage de la foi ». Chaque fidèle est invité à acheter 120 F un pavé en granit « jaune-aurore » extrait des carrières de Bignan pour constituer un immortel parvis papal. Pour 30 F de plus, le bienheureux acquéreur aura la possibilité de faire graver ses initiales sur ce pavé, que Jean-Paul foulera au pied de la Scala-Scanta à Sainte-Anne d’Auray. L’objectif avoué des évêques est de vendre plusieurs dizaines de milliers de ces pavés, histoire de multiplier par dix ou vingt les bénéfices escomptés au départ.

Le coup de pouce de Saint-François-Régis . Oubliée également dans le budget prévionnel, l’opération montée par l’Église avec le quotidien Ouest-France. Acheté 40 F pièce par l’évêché, un superbe hors-série Jean-Paulidolâtre, imprimé en quadrichromie et rédigé par des journalistes de la maison, est revendu 50 F aux fidèles dans les paroisses des douze diocèses de l’ouest. L’appât du gain a semble-t-il été plus fort que l’envie de proposer un objet vierge puisque quelques marchands du temple ont été invités à squatter les pages du document : Yves Rocher, Intermarché, Citroën et le Crédit Agricole. Une idée que les évêques devraient reprendre à leur compte pour leurs prochaines publications. L’agence Lulu a une proposition toute prête : de la pub pour le téléphone rose dans les missels.

La papamobile en direct des stands

Sur les sept papamobiles que possède le Vatican, trois véhicules seront utilisés en France. Une à Tours, une à Sainte-Anne d’Auray, et la dernière à Saint-Laurent-sur-Sèvre acheminée en train, pour véhiculer le pontife sur un parcours de 300 mètres entre le couvent des soeurs de la Sagesse et la Basilique. Humiliation pour la Vendée : cette papamobile n’est pas une voiture de Grand-Prix mais un « mulet » servant de remplacement en cas de défaillance de l’une des deux autres. Les Vendéens peuvent envoyer un pétition au Vatican pour se plaindre de ce traitement discriminatoire.