Villiers prince monseigneur
Ouailles
À défaut de pouvoir pontifier à tout va, le Vicomte se verrait bien supplanter l’évêque sur ses terres.
Le « Château » et l’Évêché se livrent à un farouche bras de fer : entre le palais du Département de Vendée et les bureaux de Mgr Garnier, le torchon brûle. Quelques fumées avant 1993 : les éminences grises de Villiers intriguent au Vatican, via la filière polonaise, pour faire venir le pape au Puy du Fou. Furax d’une telle manœuvre de court-circuit, l’évêque du Luçon fait savoir que les contacts avec Rome doivent passer par lui. Faute de pape, il fallut se contenter de Soltjénytsine. Premières flam-mes en janvier dernier : l’évêque n’apprécie pas de se faire brûler la politesse pour l’annonce de la visite papale à St Laurent, clamée dès le 14 janvier par Alouette FM, la radio tenue par Bertrand de Villiers (Monsieur Frère). Deux jours avant la conférence de presse officielle de l’évêque.
Mais si le clan Villiers s’est octroyé la primeur de la nouvelle, cette visite prévue comme strictement privée prive le Vicomte d’une consécration, d’un sommet entre grands de ce monde. Un vrai calvaire d’avoir le St Pépère sous la main et de ne pas s’en servir. On spolie les braves Vendéens de leur pontife. Quel deshonneur pour les Vendéens qui ont versé tant de sang pour Dieu et le Roi !
Fête accomplie. Au « Château », on a accordé la bénédiction à l’association « Pape Vendée » créée par quelques chrétiens du bocage réclamant de voir « leur » pape, « chez eux », pas dans le Morbihan. Son président, Robert Bousseau, voit déjà 80 000 pélerins dans la prairie devant St-Laurent et avoue du bout des lèvres que le Département se démène actuellement pour réserver près de
50 hectares pour des parkings. Hebdo Vendée qui dit tout haut ce que le Vicomte pense tout bas, qualifie cette « visite inédite à caractère privé » de « saint caprice » et laisse entendre que le passage papal « sera ‑et c’est nouveau- également ouverte au plus humble des fidèles » tout en affirmant « il ne saurait y avoir une absence d’accueil de la part des fidèles vendéens sur le site de St-Laurent sur Sèvre ». La stratégie d’intoxication par la mise en place du fait accompli est parfaite. Une belle entreprise de populisme auprès des ouailles du « Château », tout en bataillant contre l’évêque accusé de brider la visite du pontife.
«De Villiers se prend pour l’évêque. Il mord la ligne blanche », chuchote-t-on dans les couloirs de l’évéché, rappelant quelques autres violations de la souveraineté diocésaine, quand de Villiers lorgne sur l’abbaye royale de Nieul sur l’Autize et fait intervenir pour qu’on y réintègre une communauté monastique, ou quand il fait des pieds et des mains pour qu’un jeune prêtre soit affecté au suivi spirituel des bénévoles du Puy du Fou. Pour lever toute ambiguité, il ne reste qu’à signer une pétition pour canoniser illico St-Philippe pour l’ensemble de son œuvre. Le Vatican devra bien entériner.
Intervilliers
TF1 puise au Puy du Fou
C’est l’exploit : le Puy du Fou passe en prime time sur TF1, à Intervilles. « C’est très très rentable » souligne Bruno Retailleau* en mettant en avant le coût de la pub à grande écoute et les 8 à 10 millions de téléspectateurs habituels d’Intervilles. À des bonnes dates. Seul hic, le 31 juillet, les juillettistes sont plus occupés à croiser les aoûtiens sur les routes qu’à regarder la télé.
L’équipe puyfolaise va devoir batailler ferme pour récupérer, avec son adversaire Cholet, les 500 000 F de mise de fonds (sans compter la réplique du village factice à la manière de celui du Grand parcours du Puy du Fou construite à Cholet pour deux heures de show).
*député et metteur en scène du Puy du Fou, sur des postes à chaque fois offerts par de Villiers.