Qui veut la peau de P’tit Claude ?
Effet côte ouest
Est-ce le professeur Jean-Marc à coups de bulletins de vote dans les couloirs de la fédé ou le capitaine Joël avec la statue de Marianne dans la salle du conseil ? Ou les deux ?
Claude Évin a eu chaud au siège*. L’ex-ministre de la santé vient d’être victime d’une tentative d’assassinat politique en règle montée par la fédération socialiste de Loire-Atlantique. Le conseiller municipal de Saint-Nazaire a fait donner la grosse artillerie pour échapper à l’exil, mais il a senti le vent du boulet. Du coup, les flingues sont sortis dans les couloirs du parti.
La tentative de crime s’est déroulée en trois temps. Premier acte : le Parti socialiste décide de réserver 30 % des circonscriptions à des femmes pour les législatives de 98. Il choisit donc trois circonscriptions en Loire-Atlantique sur les dix que compte le département. Toutes trois occupées par la droite depuis des lustres et naturellement imprenables. Le PS annonce 30 % de candidates, pas 30 % d’élues, faut quand même pas déconner. Deuxième acte : le bureau fédéral 44, « composé d’employés de la mairie, de l’office HLM et du palais des congrès » selon les mauvaises langues, bref aux ordres de Château-Ayrault, rejette la proposition nationale et demande à ce que la circonscription de Saint-Nazaire, celle où Claude Évin a fait carrière, soit réservée à une femme. Troisième acte : le conseil fédéral, qui regroupe tous les hauts responsables socialistes du département, notamment Jean-Marc Ayrault et Charles Gautier, approuve à une écrasante majorité (23 voix sur 33) la proposition du bureau et propose à Claude Évin de se présenter à La Baule, bourgade bien connue pour sa propension à élire des socialistes. Le tour est joué. P’tit Claude, qui n’a pas d’autre mandat local à l’exception d’un vague strapontin à Saint-Nazaire, est politiquement mort.
Cette joyeuse mascarade est en fait la traduction d’une alliance objective entre Joël Batteux, le maire de Saint-Nazaire, et Jean-Marc Ayrault pour éliminer un rival encombrant. Jojo, désormais adhérent du Mouvement des Citoyens, rêve depuis des années de piquer son siège à Claude Évin et Jean-Marc a fait le choix du vassal Jojo, sans ambition nationale, face à P’tit Claude, l’électron libre qui lui fait un peu d’ombre à Paris. L’exécuteur des bas-ses œuvres, Yannick Vaugrenard, secrétaire fédéral du PS, mais aussi chargé de mission à la mairie de Nantes et … adjoint au maire de Saint-Nazaire était, il vrai, on ne peut mieux placé pour mettre en œuvre ce contrat.
« Faut pas se foutre du monde » aurait commenté Michel Vaillant, le numéro 2 du PS en découvrant l’embrouille. Jean-Marc, pris le revolver dans le cartable, aurait répondu qu’il n’était pour rien dans cette opération de basse politique. D’ailleurs il ne connaît même pas Yannick Vaugrenard. Alors Claude Machin, vous pensez. Finalement, le parti a annulé la décision de la fédé et P’tit Claude a pu respirer un coup. Mais il lui reste encore plus d’un an à tenir. À l’heure qu’il est, il sort les sacs de sable.
* actuellement occupé par un squatter de passage, l’irréparable Etienne Garnier.