Le bruit de la grosse légume le soir au fond du lotissement
L’entreprise Marais, légumes en gros, ne connaît pas la crise, témoin son développement fulgurant aux Sorinières. Seulement voilà, il y a un mégot dans la salade. Installé dans un lotissement réservé au logement individuel, ce conditionneur n’a cessé de s’agrandir en rachetant des lots qui ont servi à l’extension de ses bâtiments effectuée sans permis de construire, au mépris des règlements administratifs* et sans que la mairie pourtant située en face n’ait jamais rien vu.
L’affaire dure depuis 1967 : trente ans de fumée de déchets dans les narines et sur le linge, trente ans de nuisances plein les oreilles, va-et-vient des chariots, ronflement des frigos de camions, cliquetis des machines, le tout de 5 heures à 23 heures. L’association des voisins devra attendre l’été 96 pour que le préfet mette en demeure l’entreprise de démolir son brûlot.
Restent les nuisances sonores. Les riverains obtiendront bien de la Drire** qu’elle effectue des mesures, mais tenue de prévenir l’entreprise de sa visite elle ne trouvera que 59,8 décibels pour 60 maximum autorisés en semaine et 45 pour 50 les dimanches et fêtes… Mesures réalisées en hiver, la plus basse des quatre-saisons ! Sourd à tout ce raffut, M. Marais préfère loger des membres de sa famille dans le lotissement que de déménager. La parentèle ne tiendra pas un an. Il propose à l’un des voisins de lui racheter son pavillon, sous réserve que le grincheux abandonne l’association des riverains, sans plus de succès. Pas gênée, la mairie qui a toujours fermé les yeux sur l’extension sauvage de l’entreprise invoque a posteriori le coût trop élevé d’un transfert. Sans compter 90 patates de taxe professionnelle qui pèsent quand même plus lourd qu’une poignée d’indigènes les oreilles en chou-fleur.
*L’entreprise Marais a préféré régulariser après l’extension, sans doute par souci de simplifier au maximum les démarches administratives…
**Direction régionale industrie recherche environnement