Patrimoines particuliers

Publié par lalettrealulu le

Vieilleries

Chef‑d’œuvre en péril, la vieille noblesse provinciale ne crache pas sur les picaillons du bas-peuple pour retaper ses vieilles pierres.

Entre gens du même linge, on se congratule : « Ces personnes doivent être considérées comme des bienfaiteurs du patrimoine, et être complimentées pour leur courage et l’amour de cette maison », a tartiné Luc Dejoie, président du conseil général à son numéro 2, le marquis Donatien de Sesmaisons, ex-maire de La Chapelle, actuel vice-président du conseil général et propriétaire du château de la Desnerie, retapé grâce à 231 200 F de subsides publics venant moitié du Département, moitié de l’État. Charles-Henri de Cossé Brissac, sénateur-maire de Saint-Mars-la-Jaille et président d’honneur du conseil général (après avoir été dix-huit ans président en titre), a lui empoché 320 000 F de la Région et 800 000 F de l’État pour restaurer son beau chatiau de famille. Pouvait pas palper du département de Loire-Atlantique, son doux nid est en Maine-et-Loire… Quant à Isabelle Le Gualès de Mézaubran, maire de Joué-sur-Erdre, ex-conseillère générale, elle bénéficie des subsides du Département (320 000 F), des Pays-de-la-Loire (115 600 F) et de l’État (115 600F) pour la première tranche des réparations de la chapelle de son château de Lucinière. Un détail : à part le château de Brissac, visitable de Pâques à la Toussaint, aucun de ces monuments de famille n’est ouvert au public*. Mais ils sont très ouverts à l’argent public.

* Dans leur immense mansuétude, le marquis de Sesmaisons et Mme de Mezaubran ont ouvert la cour de leur demeure au petit peuple, mais uniquement pour la journée du patrimoine.