Comment couper la langue aux Arabes

Publié par lalettrealulu le

Quota

Au lycée Clemenceau, les cours d’arabe manquent de gens du nord. Faudra-t-il rebaptiser l’établissement Lycée Charles-Martel ?

Depuis octobre dernier, en seconde, le lycée Clemenceau propose des cours d’arabe en troisième langue. Les intérêts ? Multiples, louables : une structure grammaticale et logique prenant le relais du latin, du grec, en voie de disparition ; une civilisation passionnante à découvrir via la langue ; un moyen de communication pour faire du bizness avec les pays arabes. Inch Allah ! Mais le hic, c’est le public visé. « Cet enseignement s’adresse prioritairement aux élèves non arabophones ».

Cette première année est suivie par 25 élèves, « moitié petits beurs, moitié petits gaulois », regrette le proviseur, Pierre Bernard-Brunet. « On aurait accueilli sans déplaisir quelques élèves d’origine maghrébine, mais là je trouve qu’il y a trop de faux arabophones, qui parlent déjà un dialecte du Maghreb. Je voulais apprendre l’arabe à des jeunes Bretons, des Français de souche complètement étrangers à la culture arabe.» Il y a une autre raison aux regrets du proviseur : le risque d’offrir une passerelle au quartier Malakoff vers le lycée Clemenceau, dont l’effectif pourrait être déprécié par cet apport de potaches venant d’un quartier dit difficile.

Carte – scolaire – sous table.

En revanche, les petits malins qui veulent contourner la carte scolaire n’hésitent pas : pour être sûr d’être admis à Clem’s, on domicile faussement sa progéniture en centre-ville, par exemple à son cabinet de professionnel libéral. Ou l’on prétend loger chez une grand-mère, un ami de la famille, et on rechange d’adresse après admission au bahut. « Ça arrange le lycée, qui peut choisir les meilleurs livrets scolaires, en drainant plus large que son secteur règlementaire, confie Sébastien, élève en prépa. Tout le bahut, prof, administration, couvre le système ». La réussite attire les cadors et conforte le niveau fort du bahut. La boucle est bouclée. « L’autre combine, c’est de choisir une troisième langue biscornue en seconde, russe, portugais, qui ne peut se faire qu’ici, et on abandonne un an après. C’est tellement connu, comme ruse, que certains profs en rigolent en menaçant de renvoyer les mauvais dans leur zone ». Voilà le tuyau quand on n’habite pas dans le secteur de Clem’s : faire semblant d’apprendre l’arabe un an et rester après avoir abandonné. Après tout, les maths ont bien été inventées par ces gens-là.