De Villiers invente le tracteur à TGV
Le conseil général de Vendée s’apprête à investir près de 20 millions de francs dans le TGV le plus lent de la planète.
La SNCF n’y avait pas pensé. De Villiers l’a fait : le TGV tracté par une locomotive diesel. Ce projet totalement débile, qui va rallonger les temps de liaison pour rejoindre La Roche-sur-Yon ou les Sables d’Olonne, est très sérieusement étudié depuis la fin de l’année 97 par les ingénieurs de la SNCF, à la demande expresse du Conseil général de Vendée. Il faut préciser à la décharge de la société nationale que le financement de ce concept révolutionnaire est entièrement assuré par les collectivités locales.
Le prétexte de ce bricolage contre-nature – rappelons que le TGV fonctionne à l’électricité – est le désenclavement touristique de la Vendée. L’électrification de la ligne Nantes-Bordeaux étant reportée aux calendes grecques, la Vendée ne pouvait espérer un TGV avant dix ou vingt ans. C’est de Villiers himself qui a trouvé la solution. Faire tirer le TGV par une bonne vieille locomotive diesel. Le problème c’est qu’un tel attelage est une aberration technique. Non seulement il ira moins vite qu’un bon vieux train régional, mais le raccordement d’une loco à la rame demande des aménagements insensés. Il va falloir prévoir toutes sortes de tuyaux pour faire fonctionner les équipements du TGV comme la climatisation ou l’ouverture des portes. Un investissement estimé à dix-huit millions de francs par la SNCF, sans compter le réhaussement des quais et les installations électriques pour raccorder les rames dans les gares. Qu’importe, le vicomte semble prêt à tout pour éviter « une rupture de charge » à Nantes. En d’autres termes : pour donner l’illusion que le TGV relie directement Montparnasse à la capitale de la Vendée. Ce TGV tracté mettra cinq à six minutes de plus qu’une liaison classique, correspondance comprise. Moins rapide, et plus cher.
Il faut souffrir pour faire semblant d’être grand.