Hallu collective à l’Assemblée
Rizla +
Lulu a cuisiné huit des dix députés de Loire-Atlantique qui ont reçu un joint à Noël. Aucun ne l’a fumé, mais ils ont tous un avis sur la question. Morceaux choisis.
L’herbe qui fait rire ne fait pas rigoler les députés. Le joint et la « lettre ouverte aux législateurs » reçus le 10 décembre par les élus du Palais-Bourbon ont même fait tousser le RPR Pierre Hériaud, qui a porté plainte pour « infraction à la législation sur les stupéfiants » contre l’expéditeur, le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC). Pas cool Hériaud, le représentant du muscadet et du grolleau ‑pardon du pays de Retz- n’apprécie sans doute pas que l’on concurrence les paradis artificiels bien de chez nous.
Lulu a voulu connaître l’opinion des autres députés de Loire-Atlantique. Huit sur neuf ont accepté de répondre. Seul l’UDF Édouard Landrain a refusé de causer à Lulu. Trop occupé sans doute par la défense des buvettes sur les stades, son grand dada.
Globalement le « pétard » fait l’union sacrée. Contre lui. Pas un représentant du peuple n’a même eu la curiosité de tirer une bouffée du joint grâcieusement offert, pour voir. Certains ont eu la délicatesse de l’offrir à leurs assistants parlementaires, tels Marie-Françoise Clergeau (PS) ou Michel Hunault (RPR). D’autres l’ont gardé, comme Serge Poignant (RPR) ou Jacques Floch (PS) « pour le montrer à ceux qui ne savent pas à quoi ça ressemble.» Les autres affirment l’avoir détruit ou ne pas l’avoir vu, comme Jean-Marc Ayrault (PS) ou René Leroux (PS).
Nos députés, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont décidément de grands aventuriers. Que pensent-ils donc de la dépénalisation ? Certains y sont carrément hostiles « par principe », tels Serge Poignant, Jean-Marc Ayrault, René Leroux ou Michel Hunault. D’autres se veulent plus nuancés, comme Claude Evin qui n’est pas favorable « à la pénalisation du consommateur », ou Jacques Floch « partisan d’un débat sur la question », avec Marie-Françoise Clergeau. La députée se grille toutefois aussitôt, en poursuivant par l’un des lieux communs les plus usés sur la question : « ma crainte : qu’en dépénalisant on aille dans une escalade vers les drogues dures ». Patrick Rimbert (PS) tente de son côté de jouer les psychologues en déclarant que « les interdits sont un point de référence nécessaire lorsqu’on vit en société.» Malin.
Dans leur ensemble, les représentants du peuple sont donc favorables à la prohibition, qui génére la délinquance et nourrit les systèmes mafieux. « Euhh, répond Michel Hunault, je n’avais pas pensé à cet argument, mais je ne suis pas trop d’accord ». René Leroux fait encore plus fort : « Je suis contre la prohibition. Mais philosophiquement, je suis contre toute utilisation de la drogue en général.» Bref, arrêtez de m’enfumer avec vos questions à la con. Si en plus de serrer les louches à l’apéro, il faut se mettre à réfléchir sur les lois qu’on vote, on n’a pas fini.