L’argent des pauvres n’a pas d’odeur
Le conseil général de Loire-Atlantique est bien embêté. Il n’arrive pas à trouver suffisamment de pauvres pour dépenser les sommes que l’Etat l’oblige à inscrire dans son budget pour l’insertion des érémistes. A la fin de l’année 1996, il restait ainsi plus de 70 millions de francs sur cette ligne budgétaire dans les caisses du Département. Explication officielle : pas assez d’initiatives crédibles en matière d’insertion par l’économique. En réalité, les élus chargés des affaires sociales sont constipés du porte-monnaie dès qu’il s’agit de dépenser l’argent public pour les pauvres. Que les manants acceptent de travailler pour trois ronds passe encore, mais qu’il faille les « assister » sans avoir la garantie qu’ils deviendront chefs d’entreprise l’année prochaine, pas question.
En 1997, comme l’enveloppe commençait à devenir un peu trop visible, une partie des crédits a été affectée au logement, par le biais d’une « aide à la pierre » offertes aux sociétés HLM, une autre part a été consacrée au plan emplois jeunes. Et les érémistes peuvent se brosser, comme les années précédentes. Pas assez riches pour entrer en HLM, et trop vieux pour bénéficier d’un emploi jeune.