Le faciès ne passera pas
Au rapport
Immigrés ou de force, vous êtes dans le collimateur de l’administration.
Le dernier rapport 96 – 97 « sur les atteintes aux droits et aux libertés en Loire-Atlantique»* recense un accroissement « des dérives sécuritaires, sous prétexte au départ du plan « Vigipirate »». On ne compte plus les contrôles au faciès dans l’agglomération nantaise, qui visent essentiellement les immigrés et les jeunes. Surtout les jeunes immigrés.
Place Waldeck-Rousseau, le centre de rétention des étrangers s’est fait une spécialité de déroger au droit** à se faire assister « d’un interprète, d’un médecin, d’un conseil (…) et d’une personne de son choix ». La tactique est finaude : les flics prétendent qu’il faut choisir l’une ou l’autre de ces visites alors que toutes sont prévues par la loi. S’agirait pas de transformer le poulailler en moulin à vent.
Ainsi, un médecin demandé par un couple d’étrangers en retention avec leurs jeunes enfants, s’est vu refuser l’accès au centre. « Compte tenu de la gravité du cas, un médecin a pu finalement se rendre sur les lieux, mais en présence et sous la surveillance d’un médecin requis par le préfet ». Au cas où le premier toubib tomberait dans les vap’ ?
Egalement montré du doigt, le zèle de certaines mairies qui réclament plus de pièces justificatives que ne le stipule la loi aux personnes qui souhaitent héberger un étranger. A Orvault par exemple, mais aussi dans la très socialiste Saint-Herblain, dirigée par l’immense Charles Gautier, un vrai patriote.
Quand on ne tombe pas directement dans « Ubu », comme cette étudiante camerounaise enjointe en mai 97 de quitter le territoire, sous couvert « d’éléments démontrant l’absence de sérieux dans ses études»… À quelques semaines de ses résultats d’examen. Si ses notes sont bonnes, promis, l’administration lui offre un séjour à l’étranger. En aller simple.
* Publié par l’Observatoire nantais des libertés, qui regroupe nombre d’associations, syndicats, partis politiques…
** Ordonnance de 1945.</I>