Les subventions solubles dans l’eau bénite
Miracle
Le tribunal administratif a annulé la subvention accordée par la Région pour la venue du pape. Manque d’obole : l’association qui l’a touchée a été dissoute.
Certains contribuables s’étaient émus en 1996 de la contribution publique accordée pour la venue d’un grand chef religieux dans l’Ouest. Un personnage étonnant qui se promène dans un aquarium à moteur en brandissant un grand bâton recourbé. Consulté, le tribunal administratif s’est finalement souvenu qu’une vieille loi française, datant de 1905, interdisait ce genre de pratique au nom de la séparation de l’Église et de l’État. Il a donc prononcé en décembre l’annulation de la subvention de 100 000 francs, accordée à l’époque par le conseil régional « à la demande des évêques de l’Ouest ».
Le problème, c’est que lesdits évêques ne se souviennent plus bien de ce qu’ils ont fait de cette somme. D’ailleurs, elle ne leur a pas été versée directement, mais a été encaissée par une certaine association « Sainte-Anne d’Auray ». L’économe de l’évêché de Nantes ne sait rien de cette affaire « qui a dû être traitée par Vannes ». Dans les couloirs du somptueux évêché de Vannes, reconstruit en 1996 pour la modique somme de 13 millions de francs, on n’en sait guère plus, et on n’arrive pas à remettre la main sur les responsables de cette association, aujourd’hui dissoute. Bref la subvention s’est miraculeusement évaporée, et les contribuables risquent de devoir prier longtemps pour revoir leur argent.
Juridiquement, seul le préfet peut intervenir. Il a en effet l’obligation légale de veiller à la réintégration de la somme dans le budget régional. Mais l’enquête s’annonce laborieuse. Comment diable retrouver les responsables d’une association loi 1901 dans une préfecture ? C’est un travail d’investigation colossal. Il faut au moins passer deux coups de fil et descendre trois étages. Et puis cette Sainte-Anne a‑t-elle seulement un domicile fixe, un compte en banque répertorié ? Autant de questions auxquelles il va falloir répondre pour retrouver la piste de cette évaporation miraculeuse.