L’audit qui met Blaise à découvert

Publié par lalettrealulu le

Trafics du siècle

« Fin de siècle » a plombé le CRDC. Le projet d’audit commandé par la mairie au cabinet KPMG révèle le déficit : 6,6 millions de francs pour 97. La preuve que Jean Blaise se dépense sans compter.

« Le déficit ? Peut-être inférieur à 4 millions, mais je préfère ne pas lancer de chiffre », se risque l’adjoint à la culture Yannick Guin dans Sept à l’Ouest, le 22 janvier dernier. C’est d’autant plus prudent que, quinze jours auparavant, le cabinet d’audit nommé par la mairie avait rendu ses premières conclusions* : son estimation du déficit pour 1997 chiffre la plaisanterie à 6,6 millions de francs. Ces comptables sont d’un mesquin…

Le constat de KPMG allume la gestion à l’aveuglette de Jean Blaise : « Les décisions de programmation ont été prises sans se soucier des moyens dont disposait le CRDC ». À l’origine du « dérapage », « Trafics », dont le coût net artistique est en dépassement de 880 000 francs et « Fin de siècle », dont le dépassement frôle les 5 millions, presque la moitié du budget du festival. Une performance qui s’explique par un flou artistique du plus bel effet. D’abord, « un défaut de procédure budgétaire : aucun responsable de secteur n’a reçu de budget pour cette opération, à aucun moment un budget récapitulatif par secteur n’a été produit ». Ensuite, un conseil d’administration gentiment bercé : « L’information financière des membres du C.A. ne semble pas assez lisible. Il est peu probable que chacun ait, sur le plan financier, une analyse claire et précise de la situation ou des projets du CRDC. » Ainsi le 30 juin 1997 les dépenses engagées pour le festival s’élevaient à 9,1 millions, tandis que le même jour les comptes présentés au C.A. faisaient état d’une dépense prévisionnelle de 7,6 millions. En clair, Blaise manie le chéquier sans rendre de compte à personne.

Si le rapport prend soin de préciser qu’un « examen approfondi des pièces comptables de l’exercice 97 n’a révélé aucune anomalie », il rappelle également que le directeur a « tous pouvoirs artistiques et financiers ». Histoire de dédouaner les autorités de tutelle en pointant du doigt un Jean Blaise livré à lui-même ? La mairie a déjà répondu. Si elle exclut que « la Ville donne un sou de plus au CRDC », elle fait « toujours une confiance absolue à Jean Blaise et à son inventivité…»

Reste donc à Jean Blaise à inventer des moyens inventifs de faire des économies, comme par exemple déprogrammer mine de rien le festival « Trafics », qui de toutes façons n’était pas au programme de la saison 98 présentée avant septembre. Il n’y a pas de petites économies.

* Projet de synthèse du rapport d’audit 8 janvier 1998