À bon entendeur, ça pue
Racisme antisuif
L’air de rien, un tripoteur de vieux os ne sent aucun vent tourner.
Remugles nauséabonds dans le quartier de Haute-Ile le long de la Loire à Rezé. L’empesteur, l’entreprise Mainguet, produit des huiles à base de carcasse de bidoche. Ici, tout pue : les camions qui charrient les restes des cadavres dépecés comme le traitement des carcasses (parfois en plein air). Les riverains protestent depuis des années mais rien n’a bougé, jusqu’à ce qu’un projet de méga clinique en face de l’usine fétide pousse la municipalité à prendre le taureau par les cornes en claironnant que les mauvaises odeurs ne peuvent être, selon la législation en vigueur, assimilées à de la pollution. Piteux mensonge : la loi sur l’air, que le député maire Jacques Floch a du voter en se bouchant le nez en décembre 1996, précise que « constitue une pollution l’introduction par l’homme directement ou indirectement dans l’atmosphère […] de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à […] provoquer des nuisances olfactives excessives ». Mainguet a bien installé un filtre qui n’a été efficace qu’un an. La société préfère s’aquitter de la taxe pollution, passée en un an de 200 à 500 KF ! Qu’importe la puanteur, pourvu qu’on ait la cotisation. Ce qui n’améliore pas ce que reniflent les voisins.
L’usine Mainguet refoule du goulot par air comme par eau. Le rab de suif est carrément déversé par plaques dans la Loire, avec un détergent qu’a décelé une étude du District. Cette bouillie nourrit allégrement les mulets qui y nagent comme un poisson glauque dans un beurre blanc avarié. La société Mainguet s’excuse comme elle peut : ses rejets ne sont pas traitables en l’état par une quelconque station de l’agglomération nantaise. Rassurant… Mais l’usine qui pue va investir 3 MF contre les odeurs, et 1,6 MF pour construire sur le site une unité de pré-traitement des déchets avant évacuation vers la Petite Californie où la station de traitement reste à créer. Il y a pire que les mauvaises odeurs : les mauvaises langues. Qui prétendent que la Ville de Rezé tarde à imposer un règlement du problème, pour éviter que Mainguet n’aille polluer ailleurs en la privant d’une belle taxe professionnelle. Mais l’impôt professionnel collecté auprès de l’éventuelle clinique pourrait largement compenser. L’argent n’a‑t-il donc pas d’odeur ?