Latulululu ?
François-Régis recalé au bac Français
Ouest-France, 25 et 29 avril 98
Le cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage nous a valu un magistral édito de François-Régis Hutin, qui révèle en quelques lignes définitives que Montesquieu, tenu jusque là pour la lumière des Lumières, n’était en réalité que le théoricien cynique du commerce « d’ébène ». À croire que personne n’avait lu Montesquieu avant le saint patron d’Ouest-France, qui le cite d’abondance : « Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves (…)» qui « ont le nez si écrasé, qu’il est presque impossible de les plaindre… On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu (…) ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir…» À quelques semaines du bac, apprendre par la presse que Montesquieu justifiait l’esclavage en déniant aux noirs la moindre humanité, « parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens », voilà de quoi réviser son histoire. Mais patatras, trois jours plus tard un prof de lettres de Rezé recale l’intrépide éditorialiste : « Ce texte (…) est un classique des études littéraires en lycée et il est étudié comme un exemple parfait de l’ironie. L’immortel Lagarde et Michard pouvait être consulté (…) Par ailleurs, le procédé de l’ironie est bien connu chez l’auteur (…) qui craint la censure…» Bien obligé de publier le « corrigé », le pédégé-philosophe justifie sa bévue comme il peut : « Dans notre éditorial, les textes de « L’esprit des lois » tels qu’ils étaient cités, semblaient altérer la pensée de Montesquieu, la première phrase du chapitre concerné ayant été malencontreusement omise…» Moralité : l’esclavagisme, c’est de la faute du petit personnel qui ne fait rien qu’à mettre des coquilles dans la prose du patron. Il y a des coups de fouet qui se perdent…
François-Régis marchand du Temple
Les Cumulards, Pierre Bitoun, éd. Stock 1998
Le classement des Français les plus fortunés, établi en croisant les palmarès 97 des magazines Capital et Challenges, dénombre 104 milliardaires, à l’avant-dernier rang duquel l’on retrouve les familles Hutin et Desgrées du Lou, heureux propriétaires d’Ouest-France. On est encore loin des 43 milliards de Liliane Bettencourt (L’Oréal), N°1 français, mais tout de même, le petit milliard que doivent se partager les deux familles rennaises représente la bagatelle de « 16 260 smics annuels » ou encore « 32 520 salaires annuels de CES.» Si les bons sentiments ne coûtent généralement pas cher, ils peuvent parfois rapporter gros.
Majeur. Délit de doigt commun
Aussitôt conçue, la une d’Ouest-France est placée sous la protection de Dieu, qui a parfois d’autres prêchi-prêchas à fouetter. Il délègue alors la tâche à François-Régis Hutin, qui obtempère au doigt et à l’œil et tempère tout écart de langage et d’image. Mais François-Régis doit avoir la vue qui baisse et le doigt distrait : le 3 juin, pour illustrer un accident d’autocar scolaire transportant des potaches de l’Institut Notre Dame d’Avranches, il a laissé passer un doigt, plus discret qu’un bras, même d’honneur, mais parfait outrage au savoir-vivre démocrate chrétien. À un doigt de la faute de goût et de l’affront majeur.
Royal luxe de l’ingratitude
Le Nouvel Observateur, 9 – 15 avril 98 / Talents 44, mai 98
Le Nouvel Obs consacre deux pleines pages à Royal de Luxe sans citer Nantes une seule fois… Si, juste une fois, dans une note en bas de page consacrée au financement du périple africain ! Plus fort, on peut y lire que le « Cargo » affrété en 92 pour l’Amérique du sud recelait « dans ses entrailles une rue de Paris...» Une nouvelle performance de Jean-Luc Courcoult, génial papa de Royal, diversement appréciée par Yannick Guin, génial adjoint à la culture, qui jette dans les colonnes de Talents 44 un sec « no comment ». La Ville, principal bailleur de fonds de la tournée africaine (après Royal lui-même), devrait peut-être se fendre d’une rallonge pour les relations presse de la troupe nantaise.
Le coup d’éclat permanent
Ouest-France, 30 avril 98
« Que faisons-nous ici et maintenant ?» s’est exclamé Jean-Marc Ayrault à l’Assemblée, brocardant une motion de censure déposée par l’opposition. Les amateurs d’ouvrages rares ne peuvent avoir oublié l’immortel pensum de Mitterrand, précisément intitulé Ici et maintenant, paru à l’époque où feu Tonton arborait encore ses canines. En revanche on ignore de qui est Que faisons-nous… ?
Jean-Marc assure
Le Monde, 21 mai 98
« Les députés socialistes divisés sur la limitation du cumul des mandats », titre Le Monde après une réunion houleuse du groupe PS. « Le génocide des « députés-maires »» passe mal chez les notables socialos et le premier d’entre eux « s’est efforcé (…) de présenter de façon diplomatique la mauvaise humeur de certains de ses amis. « Les députés socialistes ne veulent pas céder à une sorte de mode ou d’approche moralisatrice qui serait injuste et inefficace », a assuré le maire de Nantes…» Est-ce à dire que les députés PS céderaient à une approche cynique qui serait, elle, juste et efficace ?
Drame de la misère en Vendée
Le Journal du dimanche, 14 juin 98
« Avec sept enfants de 3 à 20 ans, Philippe de Villiers bénéficie des allocations familiales » mais, assure-t-il : « Je ne sais pas combien je touche exactement ». Il ajoute cependant : « J’en ai besoin, réellement, pour l’éducation de mes enfants. Je vis avec très peu d’argent.» Rien à voir cependant avec ces manants qui savent au centime près ce qu’il leur manque chaque fin de mois pour nourrir la marmaille. Le peuple est d’un vulgaire…
Le ménage des vautours
Vendée matin, 15 juin 1998
L’assemblée générale de la SAFER* Poitou-Charentes a permis à son président, Guy Nardeau, de dénoncer les menées de certains vautours de la campagne, notamment en Vendée : « Certains [agriculteurs] sont des tricheurs. Pendant plusieurs années, ils font le ménage autour d’eux en louant des terres, parfois avec des dessous de table. Quand le propriétaire prend sa retraite, le locataire devient automatiquement prioritaire sur l’achat. Cela se réalise au détriment de jeunes qui voudraient s’installer. » Comment reconnaître un gros accapareur ? Il a les yeux aussi gros que la rente.
* Société d’aménagement foncier et d’établissement rural.
On nous cache tout
Loire-Atlantique, le magazine, été 98
L’indispensable magazine du conseil général n’hésite pas à reconnaître ses erreurs. Pour preuve cet « Erratum : Une erreur s’est glissée dans la rubrique Agenda du Magazine n°7.» Il s’agissait sans doute d’une erreur erronée.
Jules l’anti-Nantiste
Capté sur un site internet consacré à Jules Verne, ce petit poème soigneusement vomi par Jules, à verser dans la rubrique masochisme nantais : « Un quartier neuf et présentable / Entre bon nombre de hideux ; / Des sots batissant sur le sable, / En affaire peu scrupuleux ; / De science un peuple incapable, / A son endroit toujours crasseux ; / Quelques milliers de cerveaux creux / D’une bétise indécrottable : / De riz, sucre, un peuple marchand, / Sachant bien compter son argent, / Qui le jour, la nuit le tourmente ; / Le sexe en général fort laid, / un clergé nul, un sot préfet, / Pas de fontaines : c’est là Nantes !». Curieux qu’on ne trouve pas cet écrit charmant au musée Jules Verne de Nantes.