Il faut aile-i-mi-ner !
Insecte Dézingue
Il y avait une Venturi rutilante, une voiturette Jeanneau, un chariot Manitou et quelques autres spécimens du design en Pays de la Loire. En janvier 1994, pour scénographier une exposition consacrée au design ligérien, présentée à Nantes au Palais des congrès, une sculpture animée est commandée à un architecte. Une double aile articulée à moteur. Un air de libellule en lamellé collé et tissu d’abat-jour, de 17 m d’envergure. Le machin, très épatant, laisse sous ses ailes une première facture hors taxes de 0,3 MF payée par la Région. L’insecte bouge-ailes ne sera montré que trois semaines, le temps de l’expo, puis démonté, et emballé en pièces détachées dans de très belles caisses réalisées sur mesure après rallonge de budget. On ne sait jamais, ça pourrait resservir. Mais où donc entreposer l’encombrant ensemble de caisses, la taille des plus grands morceaux nécessitant de mobiliser deux chariots élévateurs simultanés pour les transbahuter ? Un garde-meuble d’occasion est finalement trouvé, une entreprise de plastique qui accepte, moyennant un loyer de quelque huit cent francs par mois, de sauver la libellule de la casse. Mais finalement, le conseil régional décide un jour de liquider cette dépense inconsidérée pour on ne sait plus quoi dans un hangar. Après plusieurs mois d’impayés du loyer, les caisses d’ailes ont été vendues contre 1 F symbolique au garde-meuble, qui n’y a pas touché. « Finalement, c’est un peu dommage d’avoir fait tout ça juste pour trois semaines », soupire aujourd’hui l’architecte, Thomas Bonnier. Mais pour la gestion de menues dépenses de loyers inconsidérés, chapeau à retardement aux fonctionnaires régionaux !