France 3 se prive d’un éminent professionnel
Corbeau déchaîné
France 3 n’est pas charitable. La chaîne vient de sanctionner Joël Bonnemaison, un journaliste plein de talent.
Alors qu’il vivait en plein trouble psychologique, ce qu’atteste un certificat médical, le pauvre Joël Bonnemaison – affecté par une pitoyable mise en examen le 4 décembre pour diffamation et insultes publiques – n’a pu se rendre à la commission de discipline qui l’a mis à pied sans salaire. L’inspection du travail doit statuer avant fin février sur le licenciement de ce salarié protégé, délégué syndical, l’un des responsables nationaux du syndicat des journalistes FO. En attendant comparution en correctionnelle. Car Bonnemaison traîne le poids d’aveux à la police judiciaire, dans une minable histoire de lettre anonyme prétendant dénoncer des écarts politiques et professionnels de son patron, Emmanuel Yvon, rédac chef de l’antenne nantaise de la chaîne. Un pseudo tract diffusé auprès d’élus des environs au printemps dernier.
Comparse et jusqu’ici ami de Bonnemaison, l’écrivain vendéen Gilbert Prouteau a aussi été mis en examen pour avoir prêté sa plume de corbeau au tract. « Je ne voulais pas marcher, dit-il, jusqu’à ce que Bonnemaison m’apporte un de mes livres adressé en service de presse à Emmanuel Yvon et revendu à un bouquiniste ». Il semble en fait qu’entre les rayonnages du bureau toujours ouvert d’Emmanuel Yvon, et le domicile de Prouteau, le livre ait suivi un circuit court, direct, porté par Bonnemaison pour convaincre l’écrivain de 81 ans de co-rédiger le faux tract. « Il a cru bon de mentionner à la police ma collaboration, grince Prouteau. C’est une donneuse qui se couche. » Ces flics sont terribles, ils brouilleraient les meilleurs larrons.
Ancien responsable du FN et ami intime de Le Pen, Bonnemaison est à Force ouvrière depuis les années soixante-dix, rédigeant L’Ouest-syndicaliste, revue officieuse des trotskistes lambertistes. Il a aussi trempé dans l’affaire Trager, faisant quelques « ménages » pour un promoteur aujourd’hui condamné, et présentant l’expert-ès-racket René Trager aux élus.
Entré à France 3 comme « journaliste » en 1988 sur une liste protégée de FO, Joël Bonnemaison en sort minable. Il se la jouait en dur de polar, il s’est dégonflé devant les flics comme une baudruche épinglée.
Ses récents déboires avec sa hiérarchie lui ont valu le soutien de Philippe de Villiers qui va regretter cet envoyé spécial permanent en communion d’idées*. Le Vicomte et le journaliste marron ont d’ailleurs le même avocat, Me Jean-Marc Varaut, celui qui a conseillé Maurice Papon. Après la communion, la confirmation.
* Un autre journaliste FO, Jean-Claude Assolant (originaire de Nantes) clame qu’il va obtenir sa mutation de Rouen en Vendée.