M. le maire se fera-t-il la paire ?

Publié par lalettrealulu le

Démentologie

Il ne faut pas dire que Jean-Marc Ayrault est tenté de lâcher le groupe PS de l’Assemblée. Surtout si c’est vrai, ce que ne comprennent pas les esprits simples de la presse locale.

L’annonce par Presse‑O* d’une possible démission d’Ayrault de la présidence du groupe PS après les européennes, info donnée « selon des proches collaborateurs », a été aussitôt démentie par l’intéressé et lesdits proches collaborateurs auprès des médias nationaux. Sans vraiment la démentir auprès des médias locaux, tout en la démentant un peu… Si l’on peut croire que Jospin ne lit pas l’Eclair dès potron-minet, sans doute écoute-t-il Europe 1 et LCI qui ont aussi sec repris l’info de Presse‑O. Car l’enjeu n’est peut-être pas le même à Paris qu’à Naoned.

Non pas que ce soit faux, mais « c’est un peu prématuré », rappellent les mêmes proches collaborateurs. Ce n’est pourtant pas un mystère à Nantes que Jean-Marc, à l’approche des municipales, souhaite se recentrer sur son mandat local : il l’a clamé lui-même lors des vœux 97 – 98, plaçant son écharpe tricolore sur la plus haute marche de ses ambitions politiques. D’autant plus que la présidence du groupe PS n’a pas vraiment été un cadeau pour Ayrault, qui s’est taillé à Paris une image pas franchement sexy, notamment après la débandade collective en Chambre des députés socialos, visiblement peu excités par le Pacs. Alors pourquoi cette mini-crise de nerfs ?

« Les présidents de groupe ne dépassent jamais un an et demi-deux ans et sont toujours devenus ministres durant la Ve République », rappellent certains proches collaborateurs, d’un air ambigu qui frise la perfidie. Double explication : si M. le maire devient M. le ministre lors du probable remaniement ministériel qui suivra les européennes, il devra laisser la ville à l’un de ses adjoints, jospinisme oblige. Mais Ayrault, qui connaît le prix de l’enracinement politique, a soigneusement évité l’émergence d’un successeur digne de ce nom : qui n’a pas le charisme légendaire du maire, qui l’autorité naturelle, qui la vision… Même avec une lettre de dém’ en blanc de cet intérimaire dans la poche, cela pose un problème, spécialement à l’approche des municipales. Alternative plus sérieuse, si M. le maire n’hérite pas d’un maroquin et laisse béton le groupe PS, son retour à Nantes ne devra pas avoir l’air d’un échec personnel. Les Nantais sont gens susceptibles, ils pourraient mal prendre d’être réduits à un pis-aller dans la carrière de Jean-Marc. D’où l’habillage en choix prioritaire du mandat municipal, au cas où…

Allons ! M. le maire pourra toujours dire qu’il anticipe la modernisation de la vie politique et expérimente la loi sur le cumul des mandats promise par Jospin en 97. Se contenter de Nantes, voilà au moins qui lui donnerait une aura nationale.

* 27 janvier 1999.

Catégories : N°22 – février-mars 1999