Tactique ordurière chez Leclerc
Sac à malices
La mer poubelle fait plus parler d’Ifremer en France que les programmes de plongée sur l’épave du Titanic. Cette couverture médiatique sans précédent – 30 reportages télé la même semaine de janvier – est due aux études du chercheur nantais François Galgani. Depuis six ans, il décompte les bouteilles et sacs plastiques en mer, évalue l’ordure à l’hectare sous-marin. Personne n’a pourtant noté combien ses résultats ont passionné certains hyper-surfaciers, qui ont enfourché la bonne cause très intéressée. En janvier 1996, Leclerc contacte le chercheur, l’invite à une convention d’entreprise, et lance sa campagne de non distribution de sacs de sortie de caisse. À l’époque, Leclerc hésite, mais abandonne une campagne avec les navigateurs au profit de cette belle cause écolo. L’opération d’image est en fait une super idée de gestion : un milliard de sacs en moins à financer pour quelques sacs à remettre en circuit à prix coûtant. Ce qui permet d’anticiper les mises en cause des grandes enseignes d’hypermarchés, fournisseurs officiels de 80 % des ordures qui polluent la Grande Bleue. Dernier jackpot, le grand élan écolo de Leclerc lui permet d’être exempté de la taxe éco-emballage, qui finance les études sur l’impact des emballages sur l’environnement, soit un peu moins de 10 millions de francs par an. C’est ce qu’on appelle une fortune de mer.