La Baule joue les garde-Barrière
Faites vos jeux
Même plein aux as, on peut se faire faire des cadeaux. A condition de savoir incarner un intérêt communal.
Le maire de La Baule est joueur. Et même bon joueur. Puisqu’un humble entrepreneur lui annonce la création de quelques emplois, il faut vite lui faire une petite gâterie. En l’occurrence, une ristourne sur l’achat du terrain où il va édifier son petit bonheur économique. Autre occurrence, le bienfaiteur de l’humanité bauloise se nomme le groupe Barrière, en d’autres termes une bande de hères et de nécessiteux. La délibération du conseil municipal du 28 janvier 2000 invoque d’abord “le consensus quasi unanime de la population pour la réalisation d’une opération d’urbanisme et d’ensemble cohérente et dynamique.” Opération décrétée “d’intérêt communal incontestable”. Tout ça pour glisser vers le point crucial : la cession à prix d’ami de la parcelle de l’îlot n° 2 du périmètre “Centre-ville – place Leclerc” sur laquelle Barrière and Co va édifier son nouveau casino. Les services fiscaux avaient bien évalué le terrain à 21 millions de francs. Mais compte tenu de la promesse de création de “30 emplois directs supplémentaires par rapport à l’effectif moyen actuel du personnel associé aux activités du Casino”, la mairie consent à céder le terrain à 15 millions de francs. Ce qui fait une prime à l’emploi de 200 000 francs par tête. Mais “dans l’hypothèse où le bénéficiaire de la vente ne respecterait pas les engagements souscrits”, c’est-à-dire si le groupe Barrière ne parvient pas a créer ces trente jobs, il lui faudra rembourser. C’est dur et pas très fair-play, comme arrangement. Ou est l’hommage au risque ? On aurait au moins pu jouer le montant du remboursement à la roulette. Mais le maire de La Baule n’est pas du genre à se faire rouler.