Le péagiste rate son invention d’un délit
Entrave-party
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On se croit peinard dans sa voiture, alors qu’à l’insu de son plein d’essence, on est en train de rouler de braves actionnaires de sociétés. “Les prises d’otages se développent dans notre pays”, s’insurge le sénateur RPR Jacques Oudin qui en a ras les glissières de ces sacripants qui manifestent devant les péages d’autoroute. Et laissent passer les usagers en leur offrant même parfois des produits du terroir*. L’élu de Noirmoutier aurait bien voulu obtenir la “création d’un délit d’entrave à la perception des péages”. Échec : le crime de manif sur autoroute n’est pas retenu. Mais quand le bon sénateur noirmoutrin monte ainsi sur ses grands chevaux vapeurs, c’est en parfaite connaissance de cause : Jacques Oudin est en effet personnellement administrateur d’ASF, la société des autoroutes du sud de la France, forcément intéressée à effrayer les empêcheurs de taxer les tutures au péage. Chantre du bitume au long cours, Oudin a pourtant poussé la faute de goût jusqu’à perforer son île de Noirmoutier d’une voie express pas payante.
*350 manifs ont été tenues aux postes de péages entre 1995 et 1998, pour un préjudice estimé à 70 millions de francs, selon des chiffres du ministère des transports, rappelés fin mai par le n° 611 de la revue Auto-plus.