Le Vicomte fleuri à l’œil

Publié par lalettrealulu le

Épluchette

De vulgaires contribuables demandent des comptes au Vicomte et dégottent la facture d’un pot-aux-roses.

Les Vendéens aiment tellement leur bon maître Philippe de Villiers qu’il lui offrent des fleurs tous les mois. Sans le savoir. Ce qui rend leur geste encore plus élégant. Les bouquets sont adressés directement aux Aubretières, le manoir de Sieur de Villiers, par Régine Interflora, fleuriste aux Herbiers. Et c’est fort curieusement le service du patrimoine du Département qui règle ces factures mensuelles, comme celle de 750 F découverte par de têtus contrôleurs amateurs d’une association de contribuables, Vendée 2000. Deux matins par semaine, deux de ces éplucheurs de factures s’adonnent à leur vice, compulsant les liasses de factures des vingt boîtes de l’année 1994, par laquelle ils ont commencé le 20 mars. Surveillés en permanence par le secrétaire général du département, Jean de Bridiers en personne, qui n’a pas l’air de goûter au comique de répétition. A 11 h 30, on coupe l’électricité dans le bureau de consultation, pour bien leur montrer que des économies s’imposent sur leurs dépenses électriques.

Cancers yankees

En fait, ces désagréables personnages n’ont pu s’adonner à leur hobby malsain qu’après arbitrage de la Commission d’accès aux documents administratifs, qui a fait injonction au Vicomte de communiquer les documents officiels à ces agaçants plébéiens. Ils cherchaient les factures reprochées par la Chambre régionale des comptes à la garde rapprochée du Vicomte pour des vétilles de vins et spiritueux. Des mesquineries. Pour les décourager, on leur a fourni le paquet, l’intégrale des justificatifs de dépenses, en exigeant 5,50 F pour la moindre photocopie, avec ristourne magnanime pour les formats A3, taxés à 10,25 F seulement. Ce tarif d’ami les a plutôt incités à jouer les teigneux, prenant la patience de tout regarder, comme des magistrats des comptes version loisir, notant à la main sur leurs petits cahiers, réservant l’investissement photocopieux pour leurs meilleures trouvailles.

Et, rien que pour l’an 1994, ils sont tombés sur des papiers qui les ont intrigués, comme des factures de ravalement et des charges locatives d’appartements en ville, voire pour trois garages en sous-sol d’une résidence, mais aussi des achats de romans, cinq abonnements à Canal +, la redevance télé réglée pour quinze télés couleur. Parfois, la facture télévisuelle est libellée à l’adresse personnelle du directeur général du département mais payée par la collectivité. C’est sur le compte du généreux Département que doivent fumer certains dignitaires de ce régime, à en croire les notes mensuelles de cigarettes américaines à la Maison de la Presse voisine.

Combat pour les avaleurs d’essence

Curieusement, un navigateur comme Jean-Luc Van Den Heede voit sa société basée dans le Morbihan créditée de 220 000 F par an, pour sa participation au Bock Challenge qui l’a mené vers Cape Town et Sydney, banlieue vendéenne notoire, ce que confirmerait tout géographe digne de ce nom. Avocat commis de fils et virtuellement à demeure, Alexandre Varault bénéficie d’un contrat d’assistance juridique chronique : hors les honoraires de ses interventions, il touche 75 000 F par semestre, quoi qu’il arrive. Même si rien de désobligeant pour le Vicomte n’est publié, ce qui vaudrait de légitimes honoraires pour instrumenter les plaintes en diffamation. Pourrait ainsi être estimé fort diffamant l’évocation des relevés de carte bancaire débitant à Paris les comptes du Département pour faire régulièrement le plein d’essence de la XM du président. Souvent la station service est dans le VIIème arrondissement parisien, où ne niche pourtant aucune ambassade de Vendée. Une banale coïncidence fait que c’est là que perchait alors le siège du Combat pour les valeurs, le parti de Villiers à cette époque. Mais ça n’a aucun rapport. En tous cas aucun rapport de la chambre des comptes.