Un Planning d’enfer

Publié par lalettrealulu le

Saloperies

Quelques doux paroissiens tentent de convertir le Planning familial de Nantes à leur credo anti-IVG. Avec force prières… Dieu reconnaîtra-t-il les siens ?

Plaques signalétiques arrachées, tentative d’effraction, superglu dans la serrure, coups de fil silencieux ou injurieux… Le planning familial de Nantes subit depuis plusieurs semaines une série d’agressions qui, à défaut d’être signées, ne laissent aucun doute sur les opinions humanistes de leurs auteurs. “Tu tues des bébés, salope !” et autres amabilités sont devenues le lot quotidien des animatrices du Planning*. Les courageux auteurs de ces délits osent parfois laisser des autocollants anti-IVG et anti-Pacs sur la porte du centre nantais.

Un qui ose signer, des deux mains s’il le faut, c’est le docteur Diego de Izarra. Retraité de la faculté, lauréat de l’Académie française et surtout membre du groupuscule anti-IVG “SOS tout-petits”, cet auteur s’est fendu fin mai d’un courrier délirant. S’adressant directement aux responsables du Planning familial – il fait suivre leurs noms de la mention “avorteuses” sur l’enveloppe – le bon docteur fait carrément dans la poésie. À “vos sales gueules d’avorteuses”, ce fin lettré joint un prospectus de Xavier Dor, chef charismatique de “SOS tout-petits”, “pour le cas où votre conscience vous ferait enfin comprendre que l’avortement est un assassinat”, avant de conclure qu’il “chie sur la Ripoublique qui, avec l’IVG et le Pacs, légitime l’assassinat et la sodomie.” Ce délicat courrier est agrémenté d’un tampon précisant qu’il a été condamné à six mois de prison “par des Gugusses du cirque Pinder déguisés en magistrats” pour avoir manifesté dans un centre IVG. En fait de manifestation, un commando anti-IVG dans l’hôpital du Mans il y a quatre ans. Trois fois rien selon Diego de Izarra : “On entrait dans les avortoirs où on chantait des cantiques…”. On espère que les Gugusses de Pinder, les vrais, ne porteront pas plainte. Interrogé par Lulu, l’illustre écrivain ne renie rien de ses propos. “Étant chrétien, mon devoir est de m’opposer à une loi criminelle.” Ce bon paroissien va au bout de son credo, dans tous les cas de figure : “Même violée par un nègre ou un arabe…” Sans ambiguïté.

Le hasard faisant bien les choses, ces agressions contre le planning familial de Nantes ont lieu tandis qu’on assiste à une recrudescence des manifestations de “SOS tout-petits” devant l’hôpital Saint-Jacques, centre IVG de Nantes. Avec chapelets et banderoles frappées du cœur vendéen, cantiques et gros bras d’extrême-droite.

Dans le même temps, les conseillers généraux de Loire-Inférieure reçoivent d’étranges demandes d’enquête d’un vague “groupe d’études et de prospective sociale”, faux-nez de l’Alliance pour les droits de la vie, créée en 1994 par Christine Boutin**. L’objectif est malin : repérer l’opinion des élus dans le cadre de “la prévention de l’IVG” afin d’agir, lors des futures échéances électorales, en fonction de leurs réponses. Le promoteur local de cette opération de lobbying est un certain André Morel, médecin homéopathe nantais. Qui pour le coup, n’y va pas à dose homéopathique.

* Le planning familial de Nantes est en charge du dossier IVG au niveau national. 

** Députée UDF célèbre pour ses larmes anti-Pacs.