Bis ! Fuite de cerveau à la MCLA
Deux ans après Tardieu, le directeur administratif de la MCLA a dû quitter la scène sous les tomates d’un audit qui devait rester secret.
La pièce à succès jouée en 1998 à la MCLA, qui a valu à Jean-Luc Tardieu de prendre la porte et trois millions au passage, sera-t-elle reprise cet automne ? Si l’on en croit la synthèse du rapport d’audit* remise en septembre à la direction de la MCLA, il semble bien que cette aimable comédie tourne au mélodrame, au risque de tirer quelques larmes au conseil général, principal commanditaire de la maison.
Les hénaurmes dysfonctionnements pointés par ce rapport dénotent un goût prononcé pour l’intrigue dans les coulisses de la MCLA, sur fond de duel permanent entre les directions artistiques et financières : « La mésentente avérée des directeurs, affichée au vu et sus du personnel constitue une entrave au bon fonctionnement de la structure. Des clans partisans se sont installés pour pouvoir parfois mieux travailler sur les objectifs, parfois satisfaire prioritairement à des enjeux personnels…» C’est presque aussi beau que du Shakespeare. « On note également des jeux, à compliquer la prise de décisions, voire à la retarder… essentiellement installés dans la volonté de s’acculer mutuellement à la faute.»
Plus fort, l’audit révèle « des atteintes aux personnes relevant de comportements inacceptables de la part d’un directeur.» Directement mis en cause, le directeur administratif et financier Daniel Le Cars sera gentiment poussé vers la sortie. Diplomate, le directeur de la MCLA Philippe Coutant précise qu’il ne s’agit « ni d’une démission, ni d’un licenciement mais d’un choix mutuel faisant suite à des négociations.***» Avec à la clef un chèque tout aussi diplomatique d’un an d’indemnités de salaire, soit environ 450 000 francs. L’audit fait moins dans la nuance que Philippe Coutant : « Si le directeur administratif et financier a bien rempli la mission d’intérim (après le vidage de Tardieu) et ses responsabilités en matière de gestion économique, les dérives comportementales constatées doivent engager le bureau (et) le conseil d’administration à prendre des décisions quant à son maintien dans la fonction.» Didascalies : le jeu un peu forcé de Le Cars avait le don de faire grincer les dents du personnel. « Il avait le goût du pouvoir sans l’assumer, chuchote-t-on en coulisses, pondait note sur note, rendait l’ambiance invivable… C’était ni plus ni moins qu’un emmerdeur !» On imagine la scène tout droit sortie d’un Courteline…
L’auteur de l’audit, décidément très en verve, n’oublie pas de saluer le conseil général, qui a quelques tendances à surjouer son rôle : « Son implication directe ou indirecte dans des décisions hors des limites de ses attributions gêne le fonctionnement d’un conseil d’administration plutôt vécu comme une chambre d’enregistrement et du bureau souvent mal à l’aise dans ses prises de positions.» Voilà qui devrait aller droit au cœur d’Édouard Landrain, président de la commission culture au Département, prié de rester dans le trou du souffleur, voire à la buvette. Le théâtre moderne est dur avec les vieux cabots.
Alain Termitant
* Par jugement du tribunal des prudhommes.
** Audit commandé par le président de la MCLA à la société CDRH.
*** La lettre du spectacle, 4 octobre 2000.