La Semitan couverte de Lauriers

Publié par lalettrealulu le

Recrute-man

Circulez. La société des transports en commun de l’agglomération nantaise est dotée d’un sergent recruteur parfait. Malgré l’avis d’une poignée de beurs nantais qui ont passé, cet automne, des entretiens d’embauche pour devenir agent d’accueil et de prévention, c’est-à-dire grand-frère en emploi-jeunes. Ils racontent que le recruteur pose des questions. « Vous êtes musulman ? Pratiquant ? Vous faites vos cinq prières par jour ? Vous pensez quoi de Ben Laden ? Et des familles nombreuses maghrébines ? Parce que nous, Français, au-delà du deuxième enfant, on estime que c’est plus possible d’éduquer le reste… »

À un candidat d’origine tunisienne : « Franchement, beaucoup d’Algériens et de Marocains méritent pas leur place, ici, en France ». Tous les postulants au boulot de médiateur ont gardé leur sang-froid. Si la provoc visait à faire sortir des bazookas de sous les chemises, c’est raté.

Alain Boeswillwald himself, directeur général de la Semitan est venu s’expliquer à la maison du citoyen, place des Lauriers, lors d’une réunion suscitée par le représentant municipal de la « tranquillité publique ». Non, monsieur le directeur ne met pas en doute la parole des jeunes du quartier, mais son responsable du recrutement garde toute sa confiance. Lors de la rencontre, des ordinateurs déclassés sont proposés à une asso du quartier, on parle d’une subvention pour un club naissant de foot en salle. Certains y voient une coïncidence troublante, une manière d’excuse.

Le responsable du recrutement en question ne veut pas répondre à Lulu. Officiellement, la direction de la Semitan, qui n’est pas suspecte de pratiquer le racisme institutionnel puisque d’autres beurs des quartiers nantais y ont déjà été embauchés, ne tient pas à s’exprimer.

L’heure est à la pacification : le tram, place des Lauriers, a subi caillassages, tir de chevrotine et bagarre avec des contrôleurs. Alors pas de polémique. Un cadre de la Tan suggère pourtant une « malhonnêteté intellectuelle de candidats dépités de ne pas avoir été pris ». « Pourquoi on mentirait ?» disent les jeunes, inquiets d’être en liste noire alors qu’ils veulent repostuler à la Semitan. Pas question de verser dans l’anti-semitanisme.