Aléa jacta Donges est

Publié par lalettrealulu le

Vases

On sait pas à quoi servirait Donges Est, mais à quoi sert de se poser des questions ?

L’enquête publique ouverte sur l’extension portuaire de Donges Est laisse perplexe les opposants. Le projet n’a pas l’air d’avoir été actualisé depuis les objections soulevées au Havre dans un cadre d’extension portuaire similaire et après l’explosion de l’usine AZF de Toulouse. Le projet manque surtout de justification économique pour le développement du port. Seul argument : la saturation en 2005 du terminal agro-alimentaire, ce que beaucoup d’observateurs contestent. Et le port n’insiste pas vraiment pour dire qu’il faut réimplanter ce terminal à Donges Est, se contentant d’un besoin d’espace vital, à traduire sans doute, par une campagne napoléonienne de conquête de territoires. À moins que, comme le subodorent certains, les dirigeants portuaires ne cachent leur velléité d’y développer le trafic de vrac, qui fait un peu poussiéreux.

Sur le fond, Jean-Marc Ayrault s’est toujours gardé de se déclarer pour ou contre Donges Est. Pour la forme, il vient de mettre son poids pour accélérer le démarrage de l’enquête publique. Un joli calcul politique : il fait ainsi les yeux doux à l’électorat communiste et cégétiste, et se montre irréprochable : si le projet devait buter sur des recours environnementaux, Ayrault aura apparemment tout fait pour Donges Est. Le préfet, lui, s’est montré très réticent à ouvrir une enquête encombrée de faiblesses techniques, juridiques et environnementales.

Car à part au Port autonome, qui y croit encore vraiment ? Cet été, Jean-Claude Gayssot, en visite dans le secteur, a parlé d’autres projets – aéroport, franchissement de la Loire –, mais pas un mot sur Donges Est. « Peu de gens dans les ministères et les cercles politiques semblent aujourd’hui maintenir que c’est un bon projet, affirme-t-on à Bretagne Vivante. Comme si l’administration ne pouvait pas se déjuger et laisse aux écolos le soin de faire tomber le projet…» Vivement qu’on trouve un pique-prune des roseaux, ou un ragodin à ailes bleues pour le déguiser en goutte d’eau qui fait déborder la vase.