Babeth : le RPR m’a tuer
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La parité vue du RPR, c’est simple : ça consiste à jeter Élisabeth Hubert par la fenêtre pour faire place nette à un jeune homme bien né.
Après avoir dignement conduit la droite nantaise à la catastrophe des municipales, Jean-Luc Harousseau a quitté la scène nantaise. Non sans donner un dernier coup de pied de l’âne à ses petits camarades Loïc Le Masne de Chermont (UDF) et Elisabeth Hubert (RPR) sur lesquels il tente de se défausser. Le bon professeur ne croit pas que « l’avenir de Nantes passe par ces deux responsables politiques qui, malgré leurs qualités, symbolisent l’échec de la droite dans cette ville depuis 1989 »*, et appelle au « renouvellement du personnel politique ». En clair, il s’agit de faire la peau de Babeth au profit de François Pinte, candidat comme elle à l’investiture du RPR sur la 2e circonscription de Nantes. Derrière Harousseau, vice-président de la Région, se cache en effet François Fillon qui, en lançant la candidature de son directeur de cabinet François Pinte, veut prendre le leadership de la droite à Nantes en prévision des municipales de 2007. Fillon, porte-parole du RPR et éventuel premier ministrable de Chirac, va s’employer à sortir Hubert du jeu nantais, en dégainant l’artillerie lourde s’il le faut.
Car la Babeth est bien décidée à y aller. Elle a déjà pris une longueur d’avance en réactivant ses réseaux locaux tandis que le petit Pinte, jeune homme bien peigné mais inconnu des électeurs, en est réduit à faire un samedi de février la tournée des coiffeurs pour séduire un électorat adepte du bigoudi. C’est dans ce contexte que tombe l’incroyable nouvelle : Elisabeth Hubert renonce à l’investiture du RPR le 22 février. « J’ai décidé, écrit-elle, de ne pas me prêter à cette mascarade de désignation ». Babeth a compris que les jeux étaient faits d’avance et qu’elle n’obtiendrait jamais, et surtout pas à la loyale, cette investiture. Dépitée, elle dénonce un RPR « devenu pour certains le champ clos de leurs seules ambitions, les motivations alimentaires, les préoccupations de statut social, la vision patrimoniale de la politique de certaines personnes. »
Fils à papa
Une vision patrimoniale et même carrément familiale, si l’on en croit certaines indiscrétions parisiennes. C’est que le petit Pinte, s’il est bien peigné, est aussi né coiffé. Fils de l’ancien ministre et député de Versailles Étienne Pinte, le petit François s’est trouvé au centre de tractations secrètes liées à des échanges de circonscriptions. Le RPR ayant besoin de libérer des places, généralement ingagnables ou perdues d’avance en faveur de candidates, parité oblige, il faut bien recaser ces aimables messieurs qui n’entendent pas s’effacer sans contrepartie. On propose donc à Étienne Pinte d’abandonner son fauteuil à l’un de ces recasés, en échange d’un siège nantais à son fils François. Donnant-donnant, et il y aura toujours un député dans la famille qui, s’il est élu en juin, pourra dire merci papa. Encore faut-il que papa accepte de lâcher le morceau, ce qui n’est pas gagné.
Remontée comme un ressort, Babeth a décidé de se passer de ses vieux potes du RPR et de tenter le coup, cette fois en candidate libre. Ces éternelles divisions de la droite font au moins le jeu d’une femme, Marie-Françoise Clergeau, titulaire PS du siège, qui bientôt n’aura même plus besoin de faire campagne. Au moins, la parité sera respectée.
* L’Éclair, 1er février 2002.