La blouse blanche noircie par une directrice marron
(et réciproquement), quoique. Piqûre d’appel
L’infirmier en a gros sur la patate. Il lui en coûte d’avoir dénoncé les malversations de la directrice du foyer qui l’employait. S’il a pourtant contribué à faire condamner la dame, il se retrouve lui-même condamné aujourd’hui à verser de l’argent à son ancienne patronne, qui l’a forcé à démissionner.
C’était en 1993. Dame Armelle Boudine, directrice du Foyer Les Cheveux Blancs à Orvault tripatouille les comptes des pensionnaires, s’octroie la mainmise sur ces cagnottes, pique l’argent de poche des vieux, leur achète des vêtements qu’elle garde pour elle en leur refilant ses vieilles nippes. Et sort la nuit des cuisines avec des caisses pleines. Devant les juges, elle prétextera une panne de congélo chez elle. Elle a quand même été condamnée en janvier 1997 à 16 mois de prison avec sursis, 100 000 F d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer, pour 420 000 F de détournement constatés, une partie des victimes ayant été indemnisée de la main à la main pour s’assurer qu’ils ne témoignent point. Alain Ménard, l’infirmier par qui cette découverte a été rendue publique, a été sommé de démissionner avant que justice ne s’en mêle. Naïvement, il a préféré partir que d’être licencié avec mise à l’index dans les établissements du département. Devant les prud’hommes et les juges, il n’a jamais pu faire requalifier sa démission sous contrainte en licenciement. Pire, il a été condamné à verser près de 33 000 F (5 037 euros) à ceux qu’il a attaqués, son employeur, la directrice, et son syndicat CFDT*, cette mise en cause du syndicat résultant du mauvais calcul de son avocat qui pensait que mouiller le syndicat le forcerait à charger la directrice. Il y a de quoi se faire de cheveux blancs.
* Sans compter 3 000 euros de frais d’avocat et d’avoué.