Les petits acteurs du festival de scan
Malgache bono
Profession : balayeur de texte à distance dans une ancienne colonie française.
La rentabilité d’une entreprise passe parfois par des partenariats entrepreneuriaux avec le tiers monde. Rien à voir avec la mondialisation ultra libérale à faire marner les nègres. Prenez Vecteur Plus, une société de Bouguenais spécialisée dans la veille de presse. On y dépiaute les journaux pour renseigner les clients. Accessoirement, cette pratique de prédateur se fiche éperdument des questions de droits de la propriété intellectuelle des auteurs des articles. Et ne rémunère pas non plus les journaux qui se voient pillés, leurs articles démultipliés en faisant mouliner mots clés et informatique, pour rebalancer aux clients de Vecteur Plus des services ciblés, sélections d’articles collectés autour de mots et de thèmes.
Quand les documents d’origine sont scannés, la texture du papier journal livre des imperfections, des lettres mal définies aux logiciels de reconnaissance de caractères qui retranscrivent des bouts de n’importe quoi. Pas de place pour cette la poésie aléatoire, il faut nettoyer ces textes. « Un boulot fastidieux, répétitif », reconnaît Bernard Gertgen qui a la solution depuis quatre ans. Confier tout ça à des petites mains malgaches, quatorze pour être précis, qui affichent quand même bac + 2, 3 ou 4, le « dessus du panier », se réjouit le patron de Vecteur Plus en précisant que le sous-traitant de Madagascar livre sa copie tous les jours par internet, et lui facture ça trois euros de l’heure par tête de pipe, ajoutant quand même que c’est « largement au dessus du salaire minimum local ». De quoi se garantir des troubles sociaux qui agitent Madagascar. Et de dormir peinard en attendant les résultats nets consolidés de la boîte. La vie est une longue conscience tranquille.