Boënnec : 12 ans de cabanes
Camping gaz
53 chalets, sans permis de construire, tant qu’à faire en zone inconstructible. Hardiment, le maire de Pornic, Philippe Boënnec, construit ainsi l’image de sa station.
Véritable écomusée de l’embrouille au code de l’urbanisme, le camping de la Boutinardière à Pornic a une nouvelle attraction pour la saison : 16 cabanes toutes neuves, soit un total de 53 chalets fautifs, les premiers depuis douze ans. Le gérant se fiche des lois, le maire se fâche mollement, sans le moindre effet, la justice ne bouge pas, en préférant attendre un rapport technique de la DDE qui se dépêche de ne rien constater.
Avant son départ, Nicole Klein, secrétaire générale de la préfecture a pourtant mis les points sur les i, notifiant au camping de la Boutinardière que sans autorisation d’aménager, sans autorisation d’implanter des chalets, qui plus est dans une zone inconstructible, le gérant est en infraction avec le code d’urbanisme, qu’il risque des sanctions pénales, notamment la condamnation à débarrasser le plancher des vaches de ces habitations légères de loisir (depuis quelques temps, le terme de paillote ne doit plus figurer dans les écrits préfectoraux). Le taulier est prévenu, mais ça ne l’affecte pas. Il vient d’en rajouter : 16 nouveaux chalets blancs de 28,8 m², commandés à O’hara, filiale de Bénéteau, ont été implantés en avril et mai derniers. Joint par Lulu à propos de cette poussée de chalets, Sébastien Devillairs se contente de grommeler : « Y’a eu une autorisation d’aménager. Pas besoin de permis de construire. Comme tous les autres campings. On n’est pas des hors-la-loi.» L’autorisation dont il parle est celle accordée il y a des années à son prédécesseur, pour le terrain de l’autre côté de la route, évidemment pas pour les chalets, tant les 37 premiers que les 16 bâtis cette année, tous illégaux. Certains fonctionnaires ont été très surpris de voir produire dans une même réunion en préfecture deux autorisations presque identiques, datées du même jour, variant de trois à sept hectares d’un document à l’autre. En fait, le camping est divisé en deux parties traversées par une route communale. L’accueil, la supérette et les chalets se trouvent sur la partie qui n’est pas conforme à la réglementation.
Normalement, l’accueil doit se situer à l’intérieur du terrain, avec un demi-tour possible pour les clients qui ne trouvent pas de place. Se conformer à ce règlement serait perdre de l’espace à louer aux campeurs, c’est donc la voirie municipale qui est utilisée pour ces manœuvres et stationnements automobiles. Et les riverains qui roulent benoîtement dans la rue pour rejoindre leur samsuffit se font copieusement engueuler par les campeurs : « Vous voyez pas que vous traversez un camping !» D’un des deux côtés de la route, il y a pourtant un beau pataquès d’extension sans foi ni loi, tant pour les chalets que pour les emplacements de tentes.
La plainte déposée par le maire de Pornic a bien été enregistrée le 24 août 2000 au parquet de Saint-Nazaire, mais depuis, rien. L’enquête n’a pas avancé d’un piquet de tente. Un avis technique a été demandé à la Direction départementale de l’équipement, qui même rappelée à l’ordre s’est hâtée de ne jamais rien rapporter. Philippe Boënnec, qui a appris par Lulu l’existence de ces nouvelles constructions, n’a pas souhaité s’exprimer avant d’avoir fait constater cet essor intempestif de l’hôtellerie de plein air sur sa commune. Plus fun que l’impunité zéro, l’impunité bungalo.
Pépé la Sardine