Cuisson à l’étouffée pour vieille casserole
Probe sur lui
Un dossier est passé par le cabinet du doyen des juges d’instructions sans faire de bruit. En novembre 2001, une plainte avec constitution de partie civile y est enregistrée contre Jean-Marc Ayrault sous le numéro pc 01/00121. Les qualifications retenues ont de quoi gâcher les soirées du député-maire : « Détournement de fonds publics, corruption, favoritisme, soustraction et détournement par dépositaire de l’autorité publique, intimidation et trafic d’influence. » Rien que ça. Denis Liquet, adjoint au personnel est soupçonné des mêmes infamies. Mais la plainte a fait l’objet le 30 avril d’un refus d’instruire, arguant que les faits sont trop vieux, et donc prescrits. Après appel, c’est désormais à Rennes que se jugera la question. Ces choses présumées mais pas correctes concernent les marchés publics passés et réalisés lors de la construction de la Cité des Congrès. C’est un ingénieur alors « conducteur d’opération chargé de la direction technique hors cadre », Daniel Barbier*, qui est à l’origine de cette plainte. L’ingénieur avait alors en charge le palais des congrès et la deuxième ligne de tram. Il dit avoir reçu en 1993 l’ordre de signer des prestations fictives et missions d’études sans objet, du fait des modifications de programme. Le tout pour un montant conséquent de plusieurs millions de francs. Il refuse. 48 heures plus tard, il est dessaisi du dossier.
Début des ennuis de l’ingénieur. Finis, les temps où à la tête de la direction du bâti, il a eu jusqu’à 370 fonctionnaires sous sa coupe, ou 435 agents à diriger comme directeur de la propreté publique. Il se retrouve tout seul avec une secrétaire, jusqu’à ce qu’on lui demande gentiment de rester chez lui. Comme si on lui permettait de choisir la couleur du papier peint de sa mise au placard. La plainte simple qu’il a déposée sur le même sujet en janvier 1998 a été classée sans suite. Sa nouvelle plainte, déposée après de nouvelles pressions et sanctions personnelles, pourrait relancer l’affaire. C’est désormais aux magistrats de Rennes d’en juger. Sollicité par Lulu, le cabinet du maire n’a pas souhaité commenter. L’ingénieur non plus. La mauvaise acoustique du placard risquant de déformer ses propos.
* Qui avait déjà gagné contre Ayrault le recours au tribunal administratif contre les notations des agents municipaux.