On rase payant !
Sucé-sur-bitume
Après avoir racheté quelques vieilles maisons de son centre bourg, et installé des locataires, professions libérales et habitants, la mairie de Sucé-sur-Erdre vient de leur annoncer qu’ils vivent dans des taudis juste bons à livrer pierres et tuiles aux bulldozers des hardis démolisseurs. Tout l’îlot Pasteur, qui jouxte l’église du bourg, doit être joyeusement ratiboisé. Non madame, on n’a pas dit boisé, mais bien ra-ti-boi-sé ! Les maisons en tuffeau, aux façades partiellement couvertes d’enduit ? À la casse ! Aux oubliettes du patrimoine.
L’ancien presbytère bâti en 1785 ne devrait pas rester debout. Pourtant, le patrimoine n’est plus aujourd’hui confiné aux monuments et châteaux imposants. La défense du petit patrimoine, jusqu’aux fours à pain de village, est désormais entrée dans les mœurs.
L’aménagement banalisé devrait en finir avec le charme du centre bourg, moyennant quand même une dépense publique de 2,7 millions d’euros. En espérant en glaner la moitié en recettes possibles voire potentiellement envisageables, si tout va bien. Trois propositions, qui se ressemblent comme trois copies conformes, ont un argument commun, près de 70 places de parking créées au milieu du village qui ne manque pourtant pas de stationnement. En réunion publique, l’urbaniste commis à la ponte de ces trois ambitieuses utopies débine même l’une de ses trois hypothèses, celle qui a le moins de places de parking, parce qu’elle ne va pas « dans le sens des attentes de stationnement exprimées par la population ». Les trois scénarios ne sont ni plus ni moins médiocres que dans d’autres patelins péri-urbains qui rivalisent de pavés autobloquants et de jardinières tombant des lampadaires tape-à‑l’œil. Le maire se veut apaisant : il envisage une quatrième hypothèse. En mixant les défauts des trois premières, on ne peut qu’accoucher d’un projet que devrait envier l’ensemble de l’humanité.