Tête de port à la sauce traficote
Pèse-moi !
La lutte des classements entre ports autonomes repose sur des critères contestés par tout le monde, y compris les ports eux-mêmes.
Au dessus de la barre des trente millions de tonnes. Depuis trois millénaires qu’il existe, le port de Nantes a réussi trois fois l’exploit, la dernière fois en 2001. Cette évaluation à la tonne du trafic des ports qui sert à les classer par ordre d’importance ne vaut pas un clou. Les dirigeants du port concèdent d’un air marri que ça ne représente rien mais qu’on n’a pas trouvé mieux. Parce qu’effectivement, si ça avait une quelconque pertinence du temps des trafics en vrac, on utilise toujours ce même critère pour des marchandises et des modes de conditionnement incomparables. Le bois se compte en tonnes quand il est en billes ou en fardeaux de planches, mais on le mesure en conteneur quand il est scié et mis en boîtes. Les statistiques du gaz sont en mètres cubes. Les conteneurs se dénombrent parfois en mouvements de boîtes, mais le plus souvent en volume, en « équivalents vingt pieds » ou EVP, une unité de mesure standard des conteneurs, même si d’un armement à un autre, les conteneurs de vingt pieds n’ont pas exactement les mêmes dimensions. Le trafic roulier décompte en véhicules et en remorques de camions. Le port prétend même avoir gagné en nombre de véhicules Citroën transportés entre Montoir et Vigo, mais avoir perdu en poids, les z’autos modernes étant moins lourdes, ma bonne dame.
Les statistiques du port comptent aussi un import de 2,15 millions de tonnes de sable qui n’ont pourtant été chargées dans aucun autre port puisque ce sable est extrait du Banc du Pilier, devant Noirmoutier. À l’inverse, six autres millions de tonnes de sable, passant d’un côté de l’estuaire à l’autre ne sont pas retenus dans ces translations amont-aval par bateau.
Tous les ans, le bilan s’obstine à cumuler les millions de tonnes, en additionnant torchons et lapins, carpes et serviettes, et sans doute quelques ratons laveurs.