Les brèves

Publié par lalettrealulu le

Chants de bergères sans frontières

Pire que le jumelage à la mode planplan d’il y a trente ans, la rencontre européenne XXL s’est tenue à Nantes en mai dernier au Palais de la Région : 196 jeunes de 19 nationalités ont été choisis pour glorifier l’Europe à élargir. Avec une vision futuriste d’une audace sans bornes, les échanges ont été très marqués par des prestations folkloriques. Le folklore, vous savez, cette vision cliché crispé d’un monde rural idéalisé du siècle dernier… Idéal pour cimenter une Europe de jeunes. Chronique Européenne, le magazine de la Région, rapporte que ces jeunots ont donc brandi à Nantes leurs serviettes brodées bulgares, ont dandiné la danse de la carafe chypriote, arboré l’ancestral costume traditionnel national slovaque, entonné des chants de bergères de partout, et sautillé des farandoles campagnardes. Grâce à la délégation lituanienne, on sait « comment un jeune homme est allé à cheval chez sa fiancée ». Plus préoccupant, on ne sait pas s’il en est revenu. L’Europe, c’est tellement grand.


Cycle infernal

Pas de selle au siège

Pleines de citoyens responsables abandonnant leurs bagnoles, les grandes idées du GART, le Groupement des autorités responsables du transport, ont fait vibrer le Palais des Congrès de Nantes fin novembre. Même les fonctionnaires de la communauté urbaine doivent s’y mettre dans un « plan de mobilité d’entreprise », les incitant à troquer leur tuture pour le bus, le tram ou le vélocipède. Au même moment, une visite de chantier du futur siège de la communauté urbaine a soulevé un problème. Réalisé avec une rampe d’accès à 45 °, le parking souterrain à vélos n’est pas accessible aux vélos ! Rattrapage, les deux-roues devraient se mêler aux quatre-roues dans le parking hélicoïdal qui fait la fierté des constructeurs de parkings hélicoïdaux.


Lacune de mètres carrés

Surpopulation de fonctionnaires agglomérés

Les fonctionnaires de l’agglo seront-ils à l’étroit, obligés de mettre des matelas par terre dans les bureaux ? En chantier, même pas livré, le siège de la communauté urbaine est déjà trop à l’étroit sur ses huit niveaux face au Canal St-Félix. Une fougueuse soif d’espace oblige la nouvelle assemblée et sa cohorte de fonctionnaires à se payer un nouvel immeuble rue de Saverne, 2455 m² sur cinq niveaux*. Cet achat pas du tout prévu au programme rajoute modestement 6,2 millions d’euros d’investissement. Si les groupes politiques sont relégués avec les services des ordures, des transports et de l’assainissement, basés dans l’immeuble Magellan, face à la Loire, les services centraux seront installés fin 2004 au siège à côté de LU, ce qui doit déjà coûter 30 millions d’euros**. Envoyez vos dons et offrandes à Nantes Métropole, tour de Bretagne, 44000 Nantes (adresse provisoire).


C’est mal patrie

Morts pour rien, survivants non plus

Faute d’avoir pu financer une belle plaque, il a fallu la gratuité de la pénombre, le coût modique d’une bombe à peinture, et trois mots manuscrits sur les Tables mémoriales : « Morts pour rien ». C’était la veille du 11 novembre et le général Hotier s’en est presque étranglé lors de la cérémonie devant ce monument aux morts : « C’est tellement outrancier dans la démarche que c’en est scandaleux !»*. Comme cette Grande Guerre, prévue « fraîche et joyeuse » qui s’est un peu enlisée, ne peut être qualifiée d’outrancière, même si elle a laissé, excusez du peu et sans compter les mutilés, neuf millions de morts derrière elle, c’est certainement aux macchabées de la guerre de quatorze que s’adresse ce reproche. Il serait temps qu’ils fassent enfin l’effort d’avoir crevé pour quelque chose. Les rescapés du beau principe de l’engagement, du courage et du dévouement militaires, de la « défense de la liberté » manifestée dans l’ancien empire colonial, en Algérie ou en Indochine sont amers. À Thouaré-sur-Loire, ils ont déploré le même jour le « peu d’intérêt suscité par les nouvelles générations envers ces anciens combattants pris, parfois, pour des tortionnaires»*. Pour supprimer le malaise des anciens combattants gégènés aux entournures, il ne reste qu’une mesure : un décret d’abolition perpétuelle des guerres, avec un alinéa spécial pour l’interdiction formelle et rétroactive des « corvées de bois » dans le djebel algérien.

* Ouest-France, le 12 novembre 2003.


Douze mois

Les étrennes anti feu

Comment se faire offrir un calendrier pour zéro euro ? Il suffit de laisser faire le pompier démarcheur qui arrondit ses fins de mois avant Noël, plaçant ses éternels calendriers en porte-à-porte. Fin octobre, un pompier de service aux calendriers sonne en fin d’après-midi à un appartement du quartier St-Clément. La jeune fille de la maison est seule et ne connaît pas trop l’usage, et lâche un billet de 20 euros sans savoir le tarif (il n’y en a pas*) ni si le pomplard va lui rendre de la monnaie. Le brave soldat du feu, n’écoutant que son devoir, empoche le bifton sans traîner. Pas content de l’entourloupe, le papa de l’adolescente revenu au logis téléphone au 18, demande à parler à l’indélicat colporteur abusant de la faiblesse de l’adolescente. Piteux, craignant un peu des ennuis, le pompier est revenu rendre les 20 euros. Et le papa a gardé le calendrier.

* Lire « Les calendriers de la honte », Lulu n° 26, décembre 99.


Respiration

Hutin vaut mieux que deux tu l’auras

Filiale juteuse du groupe Ouest-France, Spir Communication agrandit son empire côté en bourse en rachetant neuf hebdos gratuits en Rhône-Alpes, Bourgogne, Auvergne et Champagne-Ardenne. Ces titres appartenant précédemment aux réseaux « Paru Vendu » et « Comareg » cumulent 628 000 exemplaires par semaine. Ce qui porte la puissance du groupe Spir Communication à 174 éditions en poche, et une diffusion de près de 14,8 millions d’exemplaires chaque semaine. Ne dites pas à François Régis qu’il règne sur un empire papivore, il se croit l’antithèse de feu Robert Hersant.


Et t’as l’âge ?

Joyeuses choures !

« Un Noël frileux », annonce le très sérieux cabinet Deloitte de Nantes en divulguant une étude sur les intentions d’achats des Français, apparemment déterminés à moins craquer de fric que l’an dernier, malgré l’étalage de biens de consommation rutilants. Un scoop : nos braves marmots rêvent de consoles Nintendo, de Playstation et de poupées Barbie, et boudent les bouquins. Quand on vous disait que le père Noël est une ordure. La révélation de l’étude est à la question « dans la mesure où vous avez l’intention de moins dépenser cette année pour Noël, quelle solution envisagez – vous pour avoir des cadeaux ?» : 2,6 % des internautes interrogés pensent avoir recours au vol à l’étalage. Comme dit l’autre, consommateur, c’est un sale boulot. Alors autant le faire salement. Et pour votre larcin, je vous mets du bolduc ?