Les brèves

Publié par lalettrealulu le

Jean-Marc Boléro. Chéri de ses dames

Une révélation. La plastique personnelle du député-maire séduirait son monde, surtout ses dames. Sauf peut-être les mères de familles étrangères, réfugiées à la maison des syndicats et livrées à la police au petit matin le 27 octobre sur ordre du maire, dans le plus pur style des rafles où la séduction du donneur d’ordre se dissipe un peu. “La plupart des femmes, y compris celles qui sont dans l’opposition, reconnaissent qu’il est beau”, confie Alain Besson, son biographe. La chimie séductrice du physique expliquerait son succès politique. L’effet est désastreux : ça risque de rendre malade de jalousie tout l’électorat mâle hétéro. Son alchimie perso consisterait donc à pondérer son irrésistible aura de “séducteur” par un “charisme discret” de quasi huguenot. Voilà, vous savez tout. Le premier qui fait une blague sur les blonds de plus de cinquante ans est rien qu’un jaloux.

* Jean Marc Ayrault, une ambition nantaise, par Alain Besson, Ed. Coiffard.

Macrobio. Ayrault le héros

La promo associe le produit. Pour le lancement du livre d’Alain Besson consacré à la biographie d’Ayrault*, les deux, l’auteur et le sujet, sont présents, à Paris ou à Nantes, pour la tournée triomphale de présentation du bouquin de 450 pages. Officiellement, ce n’est pas une bio autorisée, mais Ayrault en assure personnellement la promo affirmant que c’est “un travail sérieux, sans indulgence”. Question marketing, Le Point a finalement damé le pion à L’Express qui voulait aussi la publication de bonnes feuilles, vantant en une ses “extraits exclusifs” réduits à trois petites pages, deux jours avant la sortie en librairie. Deux jours, ça vous scelle un destin de grand homme.

* Jean Marc Ayrault, une ambition nantaise, par Alain Besson, Ed. Coiffard

Sex in the city. Un café, un strip tease et l’addition

Pour atténuer le traumatisme du déménagement dans le nouvel immeuble de la Communauté Urbaine, le service communication s’est fendu d’un petit cadeau aux 400 agents : un genre de mini-guide du Petit Futé distillant les bonnes adresses du quartier. À la rubrique “Que faire de sa RTT”, à l’alinea “détente”, on lit les adresses des bars à strip-tease du coin, et des bars à hôtesses à vitrines aveugles, où du haut de son tabouret, la tenancière sexy s’échinera à assécher un treizième mois d’agent administratif premier échelon.

Patapouf. Pachydermatologie

Le PS est le seul parti à avoir son élevage d’éléphants. Un cheptel bientôt repeuplé par un éléphant mécanique au bout de l’Ile de Nantes. En mai 2003, un éléphanteau local, Frédéric Vasse, avait évoqué sa passion pachydermique : “Savez-vous que les éléphants savent communiquer entre eux à plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres, simplement en martelant le sol avec le pied ? Par exemple pour s’avertir d’un danger ou de l’arrivée de la pluie. Et bien, je vous invite, je nous invite à taper des pieds pour avertir la Droite d’un vrai danger : celui du retour d’un grand Parti Socialiste !”* Faut espérer que l’éléphant métallique conçu par l’architecte du Royal François Delarozière saura prévenir dare-dare les socialistes de New-York si une mauvaise pluie mouille Jean-Marc Ayrault.

* Lors du congrès fédéral du 10 mai 2003 à Bouguenais. Cité par le site www.ps44.com

Abus de bus. Dans la bonne direction

Un petit encart de 17 lignes, discret en milieu de page avec un titre riquiqui : “Nantes : grève à la Tan”, samedi soir : “Dans un communiqué adressé à la rédaction d’Ouest-France, la direction ne précise ni les raisons de ce conflit, ni le nom des organisations syndicales qui appellent à la grève.” On n’en saura pas plus. Ni le pourquoi, ni le comment. Lundi pas plus de bilan dans le journal. Version service minimal, l’entrefilet s’arrête aux silences de la direction de la Tan. Ça doit être ça, l’info bien dirigée.

* Ouest-France, le 25 septembre 2004. En fait, la grève, à l’appel de la CGT, pour les conditions de travail et les salaires, a paralysé 100 % du service de nuit du samedi après 23h30, jusqu’à 3h du mat.

C’est du proprio ! Alors ma crotte, on s’abandonne ?

En écrasant une merde de chien qui colle à sa semelle, on commet un vol. Car voyez-vous, “un propriétaire doit comprendre qu’il est aussi propriétaire de la crotte de son chien”. C’est le conseiller municipal Vert Ronan Dantec qui a fait cette révélation juridique au dernier conseil municipal, à propos de la “lutte contre les déjections canines”. Tout maî-maître à son chien-chien devra donc se trimballer avec les actes de propriété des étrons fumants. Un nouveau boulot en vue : notaire d’accompagnement pour la sortie pipi-caca du toutou.

Essuie glace à deux boules. Signe balance, ascendant mouchard

Les gendarmes en bermuda sont formidables. L’été dernier, à La Bernerie, les pandores glissent des papillons sur les pare-brise des bagnoles indiquant : “Votre véhicule est resté ouvert. Ne tentez pas les voleurs”, avec tout un inventaire de réflexes sécuritaires : “Signalez les comportements suspects (par ex. : déménagements en l’absence des occupants du logement). Notez les numéros d’immatriculation des véhicules paraissant suspects. N’hésitez jamais à contacter la gendarmerie si quelque chose d’inhabituel survient.” Supplétif bénévole de la gendarmerie, en voilà un loisir estival. Pour repérer un suspect, facile. C’est tout le monde, sauf les types en uniforme de pandores. Pour vous entraîner, commencez par vous dénoncer vous-même. On a toujours quelque chose à se reprocher. Par exemple de ne pas s’être dénoncé plutôt.

Balnéaire de rien. C’est du dernier gris

Faut se méfier de l’ombre des policiers. Elle vous saute dessus sans crier gare. Le retraité de 64 piges se souviendra de son 7 août à La Baule. Sortant placidement ses trois chats, il est ceinturé par trois flics saute-dessus. Sans une explication. Tout ça devant sa villa, menotté après avoir pris un coup de poing dans l’œil, embarqué sans ménagement au commissariat. Prévenus de la présence d’un rôdeur, les flics se sont en fait trompés de client*. Et faute de mieux, ont signifié au papy qu’il était en infraction pour ivresse manifeste sur la voie publique. Sans prise de sang ni ballon soufflé. Il a dû cuver son infortune, placé sept heures en cellule de dégrisement, relâché à 5h30 du mat le lendemain, le visage tuméfié. Pour arranger le coup, on lui a remis un aveu de bavure molle, un modèle de lettre à renvoyer signée, où il aurait reconnu lui-même : “Dans la mesure où les raisons qui ont conduit à mon interpellation résultent d’un quiproquo (suspicion d’agression et non pas ivresse sur la voie publique) et que les éléments constitutifs de l’infraction d’ivresse publique et manifeste n’étaient pas réunis, je sollicite de votre bienveillance un classement de l’infraction qui m’est reprochée”. Il aurait presque fallu qu’il s’excuse d’avoir provoqué la police en promenant ses minous. Négligeant ce minable arrangement, il a écrit une lettre de vive protestation au procureur, qui n’a toujours pas classé les poursuites. Si les flics se mettent à l’ivresse imaginaire, on va pas rigoler aux pots des commissariats.

* Le Monde, le 1er septembre 2004.

Semis remarque. Qu’elle était verve, ma vallée

Le lyrisme se tartine partout, même dans le très austère Moniteur*, habituellement plus porté sur la poésie brute des stricts travaux publics. Commentant le projet de coulée verte dans le quartier Bottière Chênaie, à Nantes, le journal des bétépistes se laisse aller le long de “cette Chézine plus ténue dont le val court la campagne dans une longue séquence paysagère”, avant de décrire le quartier en question : “Des murs de pierre soulignent l’ancien parcellaire agricole, dessinant des enclos livrés aux herbes folles. Quelques réservoirs rouillés montés sur pylônes dominent une scène désertée, à l’exception d’un semis de caravanes planté en marge”. C’est les gens du voyage qui vont être contents d’apprendre que leurs roulottes sont en culture, par la seule magie du verbe d’un journaliste en verve.

* 18 juin 2004.

Zeuros est arrivé. Richards dans le besoin

On ne prête qu’aux riches. Le dernier Conseil municipal de Nantes a octroyé une subvention de 500 euros au Bureau des Arts d’Audencia, et de 300 euros aux Chevaliers Bretvins. Précision : les premiers sont des étudiants en Sup de co dont les parents payent 18 300 euros pour les trois ans de scolarité, et les seconds sont des notables qui font des gueuletons au muscadet déguisés en costumes ridicules. Rien que des miséreux. À vot’ bon cœur.

Jolies menottes des nenfants. Effort de traçabilité du gniard

La plage, c’est bien joli, mais avec les mômes qui courent partout et se perdent sous les châteaux de sable, on passe un été stressé à les chercher partout. Miracle, la mairie de La Baule a une trouvaille pour faciliter les retrouvailles : “3600 bracelets de sécurité” distribués gratos dans les postes de secours par les CRS en maillots de bain. “On y inscrit le prénom de l’enfant, le numéro de téléphone des parents au feutre indélébile, et le tour est joué”, explique l’adjoint au maire Yvon Brasselet*, le bien nommé. Les mômes, même les bourges, il faut les habituer dès le plus jeune âge à ce petit avant-goût du bracelet des prisonniers en liberté surveillée.

* Presse-Océan, le 20 juillet 2004.

Tarte Tati. La pipe à Hulot, l’anti-retour

Grand émoi à Saint-Marc-sur-mer. Le gang des arracheurs de pipe a frappé une deuxième fois, encore plus vite que la première. Rappelons les faits : volée en juin 1997, deux jours après l’inauguration, la célèbre pipe de M. Hulot est replacée début juillet en grande pompe au bec de sa statue dominant la plage où fut tourné le film. Sept ans que le sculpteur du chef‑d’œuvre, Emmanuel Debarre, attendait le retour de la pipe prodigue*. Or l’objet (qui doit être très convoité sur le marché noir des fétichistes) a été dérobé quelques heures seulement après son inauguration. Sacré nom d’une pipe ! Mais dans leur précipitation, les gangsters l’ont carrément oubliée sur place. C’est un commerçant du quartier qui a retrouvé la précieuse bouffarde à moitié ensevelie dans le sable. Désormais, le morceau de pipe est jalousement conservé et sera probablement exposé à l’hôtel de ville. Une relique. L’office de tourisme espère un pèlerinage de Tati-fans pipolâtres.

* Lulu n°44, avril 2004.

Catéter. Dieu pathogène

Attention, Dieu rend malade. Le 20 octobre, lors d’un rassemblement d’enfants de 8 à 11 ans à la gloire du catéchisme, à la Beaujoire, trois marmots ont été pris de malaise, et un admis à l’hôpital pour une cause inconnue. Comme quoi “l’érosion” des ouailles que reconnaît Mgr Soubrier à ce meeting, “la baisse significative et la rupture accélérée entre les jeunes générations et l’Église”, tout ça est de salubrité publique. Le caté, faut éviter. Catégoriquement.

Pris de cours. Saint-André, payez pour nous

Avant que l’on ne creuse un parking sous l’actuel cours Saint-André, histoire de faire casquer l’innocent automobiliste qui sottement s’aventure en centre-ville, profitez dès maintenant de la gratuité du stationnement sur le cours sus-nommé. Cette gratuité qui ne se claironne pas est pourtant effective puisque la municipalité, toujours prompte à vachalaitiser l’auto, n’envoie plus ses sbires contraventionner dans le secteur. Explication : en fait, le marquage au sol n’existe que pour les places sises au centre du parking. Mais sous les arbres, pas de tag officiel “parking payant”. Bref, à deux mètres de distance, l’un paye, l’autre pas. Une inégalité dénoncée par l’un et pas par l’autre. Allez, circulez !

Blague à deux vannes. L’office de tourisme force sur la limonade

La dernière plaquette de l’office de tourisme de Nantes vante une ville étonnante, foisonnant de concerts et d’expos de jeunes artistes “dans les cafés de la ville, dans un blockhaus ou quelque endroit encore plus improbable. Citons par exemple Le Flesselles, véritable institution du microcosme branché, qui a connu et accompagné depuis vingt ans toutes les évolutions musicales et plastiques”. On croyait Le Flesselles tendance bobo-tiroir caisse. Erreur, c’est un “endroit improbable”, un phare des musiques actuelles et de l’art contemporain. Une véritable oasis de l’esprit.