Les huîtres en crève générale
Insanités
Un autre virus, fruit des eaux usées, et ça, ça fait mal au ventre.
Moins star mondiale que son cousin, le célèbre corona, le norovirus l’a précédé de peu, dévastant allégrement les huîtres sans défense. Et les bides des bouffeurs d’huîtres, du même coup. En deux mois, les bivalves de Manche ou d’Atlantique ont provoqué 180 cas de gastro-entérite, alias TIAC, toxico-infections alimentaires collectives (Cultures marines n°333, février 2020). Crampes d’estomac, diarrhée, vomissements, fièvres pour deux ou trois jours. En Angleterre, en Croatie, en Islande, aux États-Unis, même épidémie à la même période. En Irlande plus tôt en septembre, au Mexique et au Canada en mai. De nouvelles souches de norovirus apparaissent tous les deux à quatre ans environ. L’homme est le réservoir des norovirus, joyeuses saloperies de la famille des Caliciviridae, et c’est lui qui transmet ces virus coriaces, persistant dans le milieu extérieur et résistant aux traitements d’épuration physiques ou chimiques. On devrait arrêter de faire l’élevage d’humains.
Du coup, en Loire-Inférieure comme dans les autres bassins infectés, des zones d’élevage ont été fermées et la vente interdite dans les baies de Bourgneuf et des Moutiers pendant quinze jours à la mi-janvier. Premiers soupçons sur des fuites du réseau d’assainissement dans le Morbihan, cumulées aux pluies diluviennes de l’automne, intoxiquant les huîtres. Ou des « déversements de matières fécales d’un bateau ». Ragoûtant. Puis le virus a pu se propager à tout le littoral par le nomadisme des huîtres, trimbalées d’un bassin à l’autre selon les périodes de pousse. « Origine humaine. Débordement des eaux usées », diagnostique la préfecture qui n’a l’air d’aimer ni les humains ni les débordements. Il y a même eu des manifestants à Auray, portant une banderole : « On veut la mer, pas la merde* ». Les ostréiculteurs espèrent que le principe pollueur-payeur fasse cracher les communes littorales. En attendant, ils ne digèrent pas. En mars, pêche aux bestioles à coquille réinterdite dans le traict du Croisic, du fait des débordements des bassins de rétention des alentours. Il faut vraiment une loi contre les débordements. Ou alors, leur demander de rester à un mètre de distance.
* Ce gros mot vraiment indigne, Lulu n’aurait jamais osé le propager, si le devoir d’informer les populations ne primait sur l’antimerdisme primaire.