Héron héron petit patatras
Échasses gardées
Arbre aux pigeons, feuilleton, énième épisodon.
Même inexistant, l’échassier arboricole reste dépensier. Pour l’hypothétique Arbre aux hérons, deux nouveaux appels d’offres publics ont été lancés par Nantes métro : un « marché de contrôle technique pour la construction d’un grand héron », énième étude de faisabilité. Le couple de bestioles mécaniques a déjà picoré 6 M€. Une crotte de pigeon dans un ensemble qui pourrait selon ses concepteurs coûter 70 M€*, le double du chiffre annoncé au départ. L’autre appel d’offres concerne une « mission d’assistance et d’expertise juridique », 80 000 € à la clef pour ficeler le contrat de commande publique entre Nantes métropole et la compagnie La Machine, mais aussi le chantier de travaux publics, le « mécenat en nature ou en compétence » et les droits de propriété intellectuelle et industrielle où les duettistes Oréfice-Delarozière se sont déjà fait épingler par la chambre régionale des comptes pour avoir touché deux fois*.
Quant au fonds de dotation censé fournir un tiers du budget en draguant le pognon défiscalisable à 60 % de généreux mécènes, il est à marée basse. Malgré les promesses, la période inciterait les boîtes à l’attentisme très prudent. Jamais bien vu de claironner un placement dans le divertissement quand on licencie ses gens ou qu’on leur serre la vis. Le fonds de dotation annonçait 2,6 M€ de promesses de versements : il n’a réellement ramassé que 666 k€, « même pas 6 % de la somme nécessaire pour couvrir le tiers du coût de l’Arbre aux hérons affecté au secteur privé » (Nantes plus, 20/07). Mais le fonctionnement de ce fonds a lui-même absorbé 400 k€. C’est ça, l’économie circulaire alliée à la frugalité. Pas beaucoup à manger, mais on le bouffe soi-même.
Pierre-François Delaroficière
* « 1 arbre pour le prix de 2 ! », Lulu n°107 – 108, décembre 2019.
** « Jackpot entre potes », Lulu n°100, avril 2018.