Volée de bois vertou
Bucheronchons
L’histoire des arbres qui cachent la forêt d’hypocrisie.
Sans faire un fromage du réaménagement de la chaussée des Moines à Vertou, le projet d’abattage de 16 arbres en bord de Sèvre, très contesté puis finalement abandonné en rase séance du conseil municipal du 24 septembre, ressemble furieusement au bal des hypocrites. Couverts par les branchages « consultation publique » et « protocole de participation citoyenne » de la population, les élus avaient dans l’idée de bûcheronner leurs principes, aidés par les officines spécialistes du greenwashing. Les chênes et marronniers, totalement inoffensifs, promis à devenir copeaux ? Ça n’avait jamais été dit clairement aux habitants, malgré dix-huit mois de réunions publiques. Pressé de refiler la tronçonneuse chaude, le Département, gestionnaire de l’espace public où se dressent ces saloperies d’arbres, a préféré ne rien couper, affirmant n’avoir jamais requis l’arrachage. Histoire de désigner à la vindicte Nantes métropole et la commune de Vertou : à l’audience en référé au tribunal administratif, l’avocat du département a juste omis de préciser qu’en droit, l’absence de réponse de son client, sollicité pour avis sur le dossier, valait approbation tacite… Reste l’auteur de cette géniale idée de bûcheronnage paysagiste, le bureau d’études nantais Phytolab retenu comme maître d’œuvre du chantier*. Belle occasion pour cette « agence de paysage et d’environnement », très en cour auprès des collectivités** (son cogérant est le fiston de l’ancien président du conseil départemental), de faire caution feuillage auprès des coupeurs de troncs. Attention à la mémoire d’éléphant des arbres.
Paul Bunyan
* Qui se vante, en expert de la langue de bois, d’« un aménagement juste, ancré dans les différentes échelles du territoire et au service de la mise en scène de ses qualités intrinsèques ».
** Jardin extraordinaire de la carrière Misery, parvis gare de Nantes, front de mer à Saint-Naz…