La santé à l’envers
Autobobologie cabinée, Masserac s’équipe.
La commune de Massérac investit dans une cabine autonome de téléconsultation médicale, ouverte le matin, assortie d’un groupe de discussion Facebook pour faire passer la pilule. Avec sept petits instruments connectés, stéthoscope, tensiomètre, thermomètre, l’autoconsultation est vue à distance par un toubib qui selon le site du fabricant, le groupe privé Tessan, dira au patient : « Prenez l’appareil numéro 6, je vais l’allumer, retournez-le, mettez la capsule transparente sur votre peau et je vous guiderai ». Le nom Tessan ? C’est juste santé, à l’envers. Ah ah. Contrairement à la promesse de Tessan de « téléconsultation augmentée », il s’agit bel et bien d’une auscultation diminuée, le groupe prospectant justement les déserts médicaux pour faire son beurre sur ce dysfonctionnement, en démarchant mairies et pharmacies avec deux formules : l’achat à 70 000 € l’unité, plus 500 € par mois de maintenance, ou un leasing sur cinq ans à 1 500 € par mois. « Un pansement sur une jambe de bois, qui ne permettra pas d’assurer la continuité des soins », selon un toubib du coin très opposé à la marchandisation de la santé et à ces consultations sur écran, en visioconférence, auprès de médecins lointains « qui ne connaissent ni le territoire ni l’historique des patients » (Ouest-France, 15/11/2021).
« La e‑santé, le nouvel eldorado du capital. L’objectif n’est pas de répondre aux besoins de santé des populations, l’objectif est d’avoir un support, un vecteur, un prétexte au déploiement de nouveaux marchés », explique un cégétiste dans le docu Ceux qui tiennent la laisse de Gilles Balbastre. Le développement du numérique remplaçant l’humain trouve des alliés imprévus, comme les maires cherchant des solutions face à la pénurie de médecins en milieu rural. L’hôpital de Châteaubriant, qui n’a plus de radiologue depuis avril 2021, suit la même voie avec un robot d’échographie à distance lancé par une start-up, AdÉchotech, avec pour la partie vidéo la multinationale chinoise Huawei. Un système éloignant le patient du praticien, mais vanté comme « barrière à la diffusion du virus ». Contre les maladies carabinées, rien ne vaut la médecine cabinée.
Dr Cymesse Édith