Le zoo veut chauffer son effet de serre
Ni trop ni pical
La Boissière du Doré, ses tropiques sous cloche et chauffés.
Un parc d’attraction sans nouveauté, ça n’attractionne pas, paraît-il. À La Boissière du Doré, le zoo veut donc doubler l’emprise au sol du zoo en gagnant 21 hectares, dont trois de nouveaux parkings, même si ça condamne des terres agricoles. Apprenti sorcier du climat, le directeur Sébastien Laurent veut construire un dôme tropical artificiel de 5 000 m², en chantier à partir de 2025, avec un budget autour de 5 M€.
Extension à tout bout de champ
Arche de Noé commerciale, la serre exhiberait au public des espèces en danger de la zone équatoriale : Amazonie, Guinée, Ouganda, Madagascar, sud-est asiatique… le promoteur n’a pas encore choisi. L’extension du zoo mordrait sur des champs, zones que le plan d’urbanisme dit « à protéger en raison du potentiel agronomique, biologique ou économique des terres agricoles ». Bon, pour les zoophiles, la municipalité fera une dérogation « à condition d’être strictement nécessaire à l’activité du zoo » (lire attractivité). Normalement limitées à 8 m, les nouvelles constructions auraient dérogation jusqu’à 18 m pour tropicaliser l’ambiance sous serre. Le zoo promoteur dit se contenter de fausses tropiques à 12 m de haut, soit quand même un immeuble de quatre étages surgi en plein bocage.
Fortes réserves à gogo
La préfecture (direction départementale des territoires et de la mer) émet « de fortes réserves » sur la gourmandise en terrains : « Le dossier ne justifie pas la ponction d’une telle superficie ». Et demande à réduire le périmètre. Le Département pareil. La commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers donne carrément un avis défavorable, la chambre d’agriculture itou. L’autorité environnementale tousse aussi sur l’appétit de champs que le zoo veut s’annexer, et sur l’impact paysager de la serre géante. Le directeur du zoo laisse entendre qu’il pourrait réduire d’un tiers les surfaces souhaitées. 14 ha au lieu des 21 du départ. Ça ressemble à une fourberie tactique de négociateur : demander beaucoup en sachant qu’après avoir été retoqué, le zoo obtient ce qu’il avait prévu.
Drôle de paysan de loisirs
Avant de modifier le PLU, l’enquête publique tenue en mars 2021 désigne le zoo comme « activité agricole de loisirs et de sauvegarde des espèces menacées ». Des drôles d’agriculteurs dont l’activité extensive pourrait bien impacter la vraie faune et la flore locales de l’extension, partiellement en zone humide sensible. « Investigations naturalistes à approfondir », sourcille l’autorité environnementale.
Parallèlement, le PCAET, Plan climat air énergie territorial, de la communauté de communes dont fait partie La Boissière entend « protéger la biodiversité et les services écosystémiques et lutter contre les espèces invasives »…
Chauffe Marcel