Ariane cousue de fil blanc
De Villiers fait accueillir les femmes enceintes dans une maison close confiée à des militants bien pensants et financée en déshabillant une structure déjà en place. Tout en menaçant les déshabillés de les mettre à poil s’ils protestent.
L’hôpital départemental de la Roche-sur-Yon est un cas unique en France : c’est le seul établissement victime d’un commando anti-IVG à ne pas avoir porté plainte. Le 26 octobre 1994, parmi les enchaînés, Xavier Dor, antivol au cou, condamné depuis pour d’autres commandos, se réclame sans distingo du FN et de Villiers. Au surlendemain de ce raid Philippe de Villiers déclare ne pas être complètement d’accord avec le raid, mais réaffirme son opposition à la loi Veil et annonce qu’il va créer une structure alternative à l’avortement. Pour ce faire, deux pavillons mitoyens ont été achetés 1,15 MF par le Conseil général fin novembre 1995 pour loger gratuitement l’« association pour l’accueil de la vie et la promotion de la famille ». Claude Le Fèvre, directeur adjoint de la solidarité et de la famille au Département, fait un lapsus : « Nous avons ouvert le 25 mars dernier » pour se reprendre « ils ont ouvert… » Pierre Petit, le président de l’association se défend d’avoir une carte au Front national ou au Mouvement pour la France, mais il s’excuse : « On peut être sympathisant sans pour autant militer ». L’association n’a « rien à cacher » mais elle ne veut ni recevoir de journaliste, ni répondre à des questions. Ni transmettre le règlement intérieur de cette « Maison d’Ariane ». Les deux pavillons accolés peuvent accueillir huit femmes enceintes mais n’ont eu pour l’instant qu’une pensionnaire, qui n’est pas restée. Autre hic : l’accueil des femmes enceintes en difficulté était déjà effectué par une autre association, « l’Étoile » que le conseil général finance, mais sans contrôler idéologiquement les salariés. Sa subvention devait être 3,5 millions de francs en 96. Elle a été amputée d’un million de francs. Une somme qui se retrouve à la Maison d’Ariane, qui reçoit 600 000 F pour sa première année (tronquée de trois mois). « Il y a eu une maladresse, un laxisme à laisser penser que le budget de l’Etoile pouvait dépasser 3 MF » s’excuse Claude Le Fèvre.
Motus sinon ceinture
À l’Étoile (une vingtaine de salariés) on est sommé de se taire, de ne pas rencontrer ni élus ni journalistes ni diable. Pas de vague sinon gare ! Une délibération de l’association l’Etoile le précise : suite à une rencontre avec le directeur du service solidarité et famille du Conseil général en novembre dernier, on rappelle la « nécessité pour l’association et les salariés de ne pas réagir, accepter cette baisse budgétaire, sinon il y a risque pour le Centre maternel de ne pas être reconventionné » (par le Département). « Après débat, les membres du conseil d’administration acceptent ces exigences, avec engagement de l’Etoile de ne pas médiatiser ». ça se passe comme ça, à Béni-oui-ouiland : à la moindre incartade, on vous sucre la manne ! Vendée, terre de contraintes.