Presse‑O. change de main
Ça vient
Grand chambardement à Presse-Océan. Une nouvelle direction débarque du Courrier de l’Ouest et affûte ses couteaux face à Ouest-France.
« Presse-Océan déshabille Le Courrier de l’Ouest et l’encule à sec. » La formulation est un brin graveleuse mais l’analyse assez juste. C’est, en tout cas, celle qui circule dans les couloirs du quotidien de la rue Santeuil au lendemain de la restructuration du pôle ouest du groupe Hersant (Le Maine Libre, Le Courrier de l’Ouest et Presse-Océan).
Une authentique révolution de palais s’est en effet déroulée cet été à la tête des trois journaux, sous la houlette de Pierre-Jean Bozo, directeur délégué du groupe Hersant, plus connu dans la maison sous le nom de « Restructurator ». Le but affiché est de constituer une seule et même entreprise de presse, éditant trois titres complémentaires sur les Pays de la Loire. Le Courrier de l’Ouest à Angers devait être au centre du dispositif, mais c’est finalement Presse-Océan, le titre le plus plombé (18 millions de francs de pertes en 95) qui décroche le gros lot, en accueillant le siège du pôle et en récupérant la direction du Courrier de l’Ouest, décapitée sans autre forme de procès.
Concrètement, le chambardement se traduit par le vidage de l’ensemble de la direction de Presse-Océan. Jean-Claude Pierre, le directeur général est expédié aux Antilles, Jean-Marie Gautier, le rédacteur en chef attend d’être recasé dans l’un des titres du groupe, et les mandarins de la diffusion et de la pub sont proprement jetés. Rappelons que l’inénarrable Hervé Louboutin, ex-rédacteur en chef adjoint, avait déjà été éjecté avec armes et bagages au printemps.
Le pôle ouest, désormais basé à Nantes, est présidé par Jean-Claude Coustal, un ancien du Havre-Libre, qui s’est installé dans les locaux de L’Éclair avec Christian Coissieu, le nouveau directeur général. Ils sont chargés de mettre en œuvre de nouvelles synergies entre les trois journaux. Il s’agit en gros de faire un quotidien régional présentable, habillé de façon différente à Nantes, Angers, et au Mans. Encore faut-il que les rédactions locales tournent correctement, ce qui n’était pas vraiment le cas à Presse‑O.
Restructurator n’a pas fait dans la demi-mesure : il a carrément transplanté à Nantes la rédaction en chef du Courrier de l’Ouest. Les petits nouveaux s’appellent Étienne Charbonneau, rédacteur en chef et Gérard Royer*, rédac’ chef adjoint. Ils sont supposés remettre un peu d’ordre dans la rédaction et regonfler des ventes, en baisse continuelle depuis 10 ans (72 670 exemplaires en 1995, L’Éclair et Vendée-Matin compris).
L’urgence provisoire. Rue Santeuil, les journalistes, livrés à eux-mêmes depuis une dizaine d’années, ont rapidement mesuré l’ampleur du changement. Réunions tous les matins, réflexion sur le contenu, ils se croiraient presque dans un véritable journal. « Le nouveau rédacteur en chef est un peu autoritaire », commente-t-on pour l’heure, « mais on ne va pas commencer à gueuler, ça fait trop longtemps qu’on attend une vraie direction.» La maquette des sports subit déjà des « changements d’urgence et provisoires ».
Pour l’instant, Presse-Océan n’affiche aucun projet officiel de quotidien du septième jour, mais y travaille d’arrache-pied en coulisse. Il s’agirait tout bonnement d’une édition dominicale du Presse‑O habituel, que les nouveaux dirigeants envisagent sortir de leur chapeau juste avant Ouest-France-Dimanche (lire ici). Info ou intox ? Réponse dans les boulangeries cet automne, à l’heure de la messe.
* fils de Jean Royer, ancien maire de Tours et grand pourfendeur des capotes.