L’étoile perdue de la comète de Harley
Heil vroum
Marc Hayère est un chic type doublé d’un garçon délicieux. Son poignet porte un tatouage où le sigle SS n’est ‑selon lui- que le chiffre 44 identifiant son club de motards, organisé militairement avec ses sergents d’armes chargés de la discipline interne. Ancien de la Légion où il s’est engagé à 17 ans pour trois ans ferme, Marc Hayère, Marco pour les intimes, appartient au mouvement des Outlaws, les rivaux à mort des Hell’s Angels. Ce crâne ras préside le club longtemps basé rue Jean-Jaurès, à Rezé, « une bande de nervis réunis sous le signe de la haine et de la violence » selon le procureur à l’audience. D’après deux rapports de police, le local des Outlaws cachait, jusqu’à ce que les oiseaux disparaissent, un attirail d’armes de guerre, de fusils à pompe, de grenades. La DST évoque le trafic d’armes. Marco, a comparu début février en correctionnelle pour s’être vengé du crime suprême commis par un jeune apprenti de 19 ans : éméché, il s’est assis sur la Harley Davidson de Marco. Il s’est fait démolir à coups de poings, de genou et de pied. Dans une boîte de nuit, le subtil motard a aussi esquissé un « sourire kabyle », c’est à dire entaillé au cutter la gorge d’un médecin d’origine marocaine. Avec injures racistes à la clé. Cette haine raciste, le brigadier chef débarqué sur le trottoir devant le toubib ensanglanté n’a pas voulu l’entendre, ni la consigner dans le PV. Problème d’oreille, sans doute. Les juges qualifient même de « complice » le sourire qu’arbore le flic, qui menace tout bonnement d’emmener le sanguinolent au gniouf s’il continue à faire du ramdam et à se plaindre de racisme. Un autre motard, Jean-Luc Vebert, trésorier du club, s’est mêlé à l’altercation. Il a depuis fait un passage malheureux auprès des bandes de Bandidos scandinaves en guerre contre les Hell’s à coup de fusils mitrailleurs, d’explosifs ou de missiles anti-char. Il en est revenu avec trois balles dans la peau, assigné à vie à un fauteuil roulant. Des gens charmants, comme on voit. Devant les juges, Marco s’est dit assagi. Personne ne l’a cru : en taule il vient de prendre un codétenu « pointeur » (condamné pour viol) pour souffre douleur, l’humiliant et le frappant. Ce qui vaut au brave motard d’autres ennuis avec la justice pour coups et blessures volontaires. Pas facile d’être un hors-la-loi assagi.