Hunault aux nues
Nouvelle génération
Le RPR Michel Hunault a pris la tête de la droite en Loire-Atlantique pour les régionales. Dans tous les sens du terme.
La dernière proposition de loi du député Michel Hunault* vise à interdire les tests génétiques sur les macchabées flânant sur les grands boulevards à bicyclette. En ce qui concerne le petit Michel, pas de doute, c’est bien le fils de son père : en 89 puis en 93, après trente ans de règne, Xavier Hunault lègue à son avocat de fiston mairie et circonscription du pays de Châteaubriant.
Depuis, le petit a eu un parcours qui n’est pas sans rappeler celui de Sarkozy : pasquaïen de toujours, il trahit Chirac pour Balladur en 95, fait les yeux doux à Juppé et revient en grâce dans les bagages du séguiniste Fillon, qui l’impose tête de liste de la droite en Loire-Atlantique.
Non sans mal : après l’élection de Chirac, « pour conserver le leadership du RPR, Hunault a dû payer sur place la cotisation de ses supporters, même ceux qui étaient absents de la réunion**». Une facétie qui lui vaut de se retrouver devant les instances nationales chiraquiennes, qui avaient encore le goût de la trahison sur les lèvres…
Ses ennuis parisiens n’arrangent pas la réputation du « député Ducoin », comme l’appellent les Castelbriantais. Le maire de Derval essuie en 95 les foudres de la chambre régionale des comptes pour sa gestion du syndicat intercommunal (SIVU), après la démission d’un de ses adjoints qui déplore des « méthodes de fonctionnement contraires à la démocratie, (…) aux règles élémentaires de transparence », et dénonce « la volonté de s’attaquer, voire de nuire aux personnes qui tentent de remplir leur mandat en toute honnêteté et dans le seul intérêt de la collectivité...»
Sous ses airs doucereux, le petit Michel cache un cœur de loubard. En avril 90, une consœur avocate, associée à son cabinet, recourt au tribunal de police, ecchymoses en bandoulière : une demande d’explication sur les comptes de la boutique lui avait valu une plaidoirie aussi brève que musclée. Quelques années plus tard, il refuse d’optempérer à la maréchaussée après avoir grillé un feu en plein Nantes. D’après plusieurs responsables policiers de l’époque, il s’enfuit, deux motards le coursent et le plaquent au sol non loin de son cabinet… Le plaqué a eu si peur qu’il en a vomi sur le bitume. Le parquet enterre l’affaire : un proche de Pasqua ne saurait être un délinquant juvénile.
Si Hunault n’est pas un cadeau, sa victoire contre l’UDF Gisèle Gautier n’en est pas un non plus. Tiraillé entre les promesses faites aux uns et aux autres pour l’emporter, il va devoir composer avec Papon et Hubert, la presque FN du Roscoät, le très villiériste Chéreau et quantité de petits amis UDF comme RPR… Tête de liste contre têtes de lard, de l’art de faire une liste. Quant au programme, on est prié d’attendre le soir du scrutin.
* Presse-Océan, 10 décembre 97
** La Mée, septembre 95