Monsieur le maire est décorateur
Revers de médailles
L’honneur se porte bas : le 27 juin dernier, une remise de médailles a eu lieu sans les ronflants flonflons d’usage. Deux conseillers municipaux de Belligné, petit bourg de 1 450 âmes à l’extrême est de la Loire-Atlantique ont reçu solennellement des mains de leur maire la médaille d’honneur des collectivités territoriales. Une breloque de suprême valeur, que les élus se refilent entre eux, au bénéfice de l’âge. Trouble-fête, le sous-préfet était volontairement absent. Le conseiller général du canton s’est aussi récusé après avoir appris que les deux honorables médaillables traînaient des casseroles plus grosses que les pendentifs à épingler. Le premier, Gilbert Robin a été épinglé en 1981 pour avoir exercé simultanément les fonctions de président et de trésorier de l’association de transport scolaire, lui permettant de se servir personnellement ainsi que ses enfants dans la caisse, et de récupérer une commission de 1,5% sur les subventions, sans justificatifs. Le second, Jean-Pierre Tremblay a acheté un terrain dans un lotissement communal pour y implanter deux maisons qu’il loue, ce qu’il reconnait, en précisant qu’«il a payé le prix ». Selon la loi, il ne peut bénéficier que d’une maison et uniquement pour se loger personnellement.
Faut dire que Belligné est administré par le peu regardant Etienne Foucher, inspecteur des impôts à ses heures, qui ferme volontiers les yeux quand un autre conseiller, entrepreneur de maçonnerie, vote pour lui-même lors des appels d’offres qui l’intéressent, ou quand la commission « fleurissement » est confiée à l’épouse d’un paysagiste du cru, qui décide régulièrement de s’acheter des fleurs à elle-même pour faire joli-joli dans le bourg et dans son portefeuille. Le maire ne sourcille pas non plus quand il envoie les cantonniers cisailler la clôture d’une parcelle privée, en friche et en plein bourg. Simplement parce que le propriétaire y a mis des moutons, ce qui perturbe grandement quelques Bellignéens administrés qui ne peuvent plus aller y faire pisser leur chien. Mais ne prenez pas Étienne Foucher pour un bourgmestre obtus. Homme de droite, il ne rechigne pas à l’ouverture à gauche. Selon le petit bulletin discordant « les Bel’Lignes de l’Info », cette révolution s’est limitée pour l’instant à inverser le sens d’ouverture de la porte de la mairie.