La sacro sainte histoire de Bretagne
Trou blanc
Fini le petit Loiratlanticais inculte, ignorant tout de son passé breton. 520 exemplaires d’un manuel d’histoire bretonne, publié avec la bénédiction de l’Éducation nationale sont diffusés depuis janvier dans les 130 collèges publics et catholiques du département. Le 11 décembre 1998, le Conseil général a débloqué 54 920 F pour les acheter et faire diffuser. Surprise, l’ouvrage n’est pas écrit par un collège d’historiens et d’universitaires, mais a été confié à un seul auteur, puisé dans l’eau bénite : Louis Elégouët, prof d’histoire-géo et breton au très catholique collège Saint-Joseph de Landerneau. Édité par le CRDP de l’Académie de Rennes, financé par fonds publics (Départements 22 et 29, District de Rennes) Bretagne, une histoire est vendu 120 F en librairie, et distribué gratis aux potaches, quand les Départements en font l’achat. Un livre très teinté catho, et un brin réviso.
Pour illustrer la Résistance, le manuel ne retient qu’un seul nom, un certain Marcel Callo, mort en déportation à Mauthausen, mais surtout « béatifié en 1987″. Moralité : la Résistance digne de foi et de mémoire ne peut être que catho, validée et labellisée a posteriori par le pape. Communistes, athées, protestants peuvent aller se rhabiller. À l’époque sulfureuse de l’occupation, le PNB, Parti National Breton dispose, selon le manuel, « d’un service d’ordre, les Bagadou Stourm (les troupes de combat), qui n’est pas armé et ne participe pas à la lutte contre la Résistance ». Fermez le blanc. L’auteur oublie un point noir : le groupe paramilitaire du PNB, les Strolladou Stourm, a essaimé derrière quelques dirigeants partisans de la lutte à côté du Reich. Ces SS bretons créent en 1943 la « Bezen Perrot » (milice Perrot), du nom de l’abbé tué par les maquisards communistes de Scrignac. Ces braves fachos bretons de la Bezen Perrot ont porté l’uniforme allemand et intégré la division Charlemagne. Il faut relativiser, ils ont été moins d’une centaine (beaucoup moins que les miliciens et flics français des rafles et basses œuvres de Pétain). Mais ils ont bien existé et on ne peut les gommer de l’histoire sans risquer d’être taxé de révisionnisme. À ce jeu de chasse aux heures noires, le Gwenn ha du, le drapeau breton, risque de finir tout blanc.