Nouvel… du Palais
Garde-des-soirs
Condamnation avant 20 h
L’ouverture de la Nouvel cité judiciaire montre ses limites de fermeture. Très sophistiqué, le système électronique de sécurité centralisé des différentes bureaux, salles et locaux du Palais de justice nécessite des opérateurs et des vigiles d’une société privée. Crédit de rigueur oblige, ces garde-pièces arrêteront leur activité à 20 h. Pour ne pas dépasser l’heure limite, la correctionnelle et les sessions d’assises vont devoir inventer l’audience en abrégé.
Garde-de-sous
Une justice de pénurie
La clim du nouveau Palais de justice lutte contre le réchauffement de la planète : le bureau de la greffière en chef l’a déjà prouvé en affichant une température de 4 degrés pendant les heures ouvrables ! Par ailleurs la signalétique ne sera pas en place avant le mois de septembre : le budget est totalement épuisé. Plus de 200 personnes sont en réseau informatique, mais personne ne sera là pour assurer le suivi, la maintenance des postes et des connections. Si vous croisez un bug, paumé dans les couloirs, avec un cache-nez, c’est que vous êtes bien au bon endroit.
Case départ
La pêche au casier judiciaire
On ne peut pas tout avoir : un bâtiment d’un architecte de renom et les commodités d’usage. D’autant que sieur Nouvel a oublié de prévoir un local pour installer les casiers du courrier et les échanges de mémoires des avocats. Il a fallu démonter au dernier moment les vieux casiers et les recaser outre-Loire.
Barreau assis
Station micro pénible
La cour d’assises a été dotée de micros pour les avocats. Mais l’architecte a du mal comprendre : fixes, ces micros ne sont utilisables qu’en position assise. Alors que les avocats plaident toujours debout. S’il leur reste l’effet de manche, les voilà privés d’effet de marche. On aurait dû placer les micros au sol, pour contrer le parquet au plus près.
Terrassiers
La justice enfin accessible
La façade Loire est prolongée par une terrasse parfaitement accessible au niveau du 4ème étage, notamment par la cafétéria qui se trouve au coin ouest. La sécurité est parfaite, sauf que des quidams, sans doute analphabètes, ont négligé le papier “interdit au public” pour s’aventurer sur cette terrasse jusque devant les fenêtres des chefs de juridiction au coin est du bâtiment… Le procureur voyant des loquedus plonger du regard dans son bureau, voilà qui perturbe la sérénité de la justice. Depuis, pour empêcher à d’éventuels preneurs d’étage de s’en prendre à nos chers magistrats, on a installé une chaîne de chantier en plastique rouge et blanc… On respire.
Contretemps
On se revoit après le week-end ?
La loi est quand même drôlement bien faite. Le samedi 10 juin dernier, un jeune Marocain du Mans, frappé d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière, utilise son droit de recours au tribunal administratif de Nantes. Son avocate soulève un vice de forme, la délégation de signature du préfet de la Sarthe manquant au dossier, ce qui devrait casser la procédure. Que croyez-vous qu’il arriva ? Le juge repousse l’audience de deux jours, laissant le temps à la préfecture de rétablir sa bévue. Et lundi 12, le juge a pu confirmer l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Circulez.