Les Verts sont dans le fruit
Juteux
Les Verts sont devenus une vraie machine électorale qui laisse peu de place aux doux rêveurs, sauf à ceux qui rêvent de faire main basse sur la ville.
La liste Ayrault n’est pas encore bouclée, qu’on sait déjà quels Verts y figureront. Des véloces, ces écolos, d’autant plus rapides que les nominés sont précisément ceux qui ont négocié les places avec Jean-Marc. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Gagnants, un barbu historique sur le retour, Ronan Dantec, et un jeune apparatchik, François de Rugy. Le premier a fondé une radio libre aux heures héroïques, le second exerce le dur métier d’attaché parlementaire de Noël Mamère. Dantee, l’ami des animaux, de Rugy l’ami qui veut du mal à votre parquet. S’y ajoutent paritairement Catherine Choquet et quelques petits nouveaux dont vous nous direz des nouvelles. Une vraie marée verte sur les postes d’adjoints et de conseillers municipaux.
À peine sont-ils sur la liste qu’on sait déjà où. Et pas n’importe où. Dantec se réserve l’environnement en lieu et place de Jean-Claude Demaure, parti rédiger ses mémoires. De Rugy prend les transports et les embouteillages qui vont avec. Au total, Jean-Marc leur a promis sept places éligibles dont trois adjoints. Efficaces, ces nouvelles têtes.
Bien longues aussi, ces nouvelles dents. Car ces petits jeunes ne respectent rien, pas même les vieux potentats de la gauche nantaise. Des hooligans ! Voilà-t-il pas qu’ils ont exigé du maire que le programme municipal soit élaboré bilatéralement entre les Verts et le PS, excluant de fait les
petits copains cocos, radicos, MDC & co. Sauf qu’à papa Jean-Marc, on ne la fait pas. Il fait les gros yeux, papa Jean-Marc, et ne leur envoie pas dire : « Le programme municipal se travaille sur l’ensemble de la majorité plurielle, sur une base que je proposerai », leur écrit-t-il sèchement, un peu las de subir leurs leçons et leurs grands airs.
Pourtant, ces jeunes loups sont pleins de bonnes intentions. Ils ne sont pas encore élus qu’ils chauffent déjà leurs places au conseil municipal, annonçant un groupe « Verts et apparentés », jetant par avance les écolos alternatifs hors du temple. C’est que les places seront chères, surtout celles qui valent le coup : les délégations à la toute neuve communauté urbaine, objet de tous les désirs, rétribution des nouvelles carrières politiques locales. Jean-Marc leur en aurait promis six.
Pour arriver à ce beau résultat, il a fallu faire le ménage dans le jardin écolo. Couper les vieilles branches, arracher les jeunes pousses. Pousser l’encombrante Marie-Françoise Gonin à démissionner des Verts, empêcher Gérard Aubron de se représenter. Bref, reprendre l’appareil en main. Aux commandes du bolide (qu’on espère non polluant), la toujours très efficace Mireille Ferri, grande prêtresse locale de la mouvance écolo, devenue une vraie petite Parisienne dans le staff de Voynet, conseillère régionale, son retrait du conseil municipal ne l’empêche pas de tenir la machine Verts dans un gant de fer. Au grand dam d’un certain nombre d’écolos qui n’apprécient qu’à moitié des méthodes tout juste démocratiques : négociations de couloir, votes à mains levées, pratique du mandat multiple (par exemple dix votants font quarante voix.) Ce qui suffit à faire basculer n’importe quelle assemblée générale. C’est ainsi qu’elle s’est débarrassée du président départemental des Verts, le nazairien Augustin Grodoy, au profit d’un nouveau venu inconnu du publie mais qui promet, un certain Patrick Naizin (lire ci-dessous).
Sûrs d’eux-mêmes, « arrogants » selon quelques hiérarques socialos, les Verts n’ont pas besoin d’inventer de nouvelles énergies pour se chauffer : l’ambiance qui règne dans leurs rangs devrait suffire à provoquer un effet de serre des plus torrides dans le futur conseil municipal.
Un béret vert saute sur Couëron
Le nouveau président des Verts de Loire-Inférieure sera-t-il candidat à Couëron, sur la liste du maire socialo Jean-Pierre Fougerat ? Patrick Naizin, 45 ans, cadre commercial « demeurant à Couëron…» selon Ouest-France, habite toujours à Nantes au jour d’aujourd’hui. Mais il confirme son « parachutage, même si ce n’est pas dans les pratiques des Verts, parce qu’à Couëron il y a un challenge. » Pour lui, les choses sont simples : « L’accord Verts-PS prévoit un certain nombre de postes à la communauté urbaine, dont Couëron. » C’est pourquoi les Verts « lui ont demandé d’investir » cette commune ancrée à gauche. Histoire aussi, selon les mauvaises langues, que cet ambitieux petit nouveau débarrasse le plancher nantais. Las, Jean-Pierre Fougerat ne l’entend pas de cette oreille. Selon le PS, les exigences de Naizin (un poste d’adjoint et un à la CU) préalables à toute discussion ne sont pas des méthodes acceptables. D’autant plus qu’il a déjà des écolos sur sa liste. « De sensibilité écologiste », rectifie Naizin, qui confirme que les choses se passent très difficilement. « Couëron est un laboratoire de la gauche plus rien », s’amuse-t-il en menaçant : « Fougerat a une volonté hégémonique. C’est le dernier point d’achoppement dans l’agglo : s’il ne veut pas lâcher, c’est l’accord départemental Verts-PS qui est en cause…» Fichtre… C’est duel à OK Couëron ?